Le blogue de Richard Hétu

Le columnist afro-américain du Washington Post Eugene Robinson accueille avec réserve la ratification par Joe Biden jeudi d’une loi faisant du 19 juin, ou «Juneteenth» – contraction de juin et 19 en anglais –, un jour férié fédéral (qui entre en vigueur dès ce vendredi). Le «Juneteenth» commémore cette journée de juin 1865 où les esclaves de Galveston, au Texas, ont appris que, conformément à la proclamation d’émancipation signée deux ans et demi plus tôt, «tous les esclaves sont libres». La guerre civile avait pris fin deux mois et dix jours plus tôt.

Robinson salue les efforts de ceux qui se sont battus pour la reconnaissance de cette fête douce-amère marquant la fin de l’esclavage. Une fête qui est célébrée au sein de la communauté afro-américaine depuis un siècle et demi et reconnue aujourd’hui par plusieurs États américains, du Texas au Maine. Mais il ne peut s’empêcher de voir une certaine hypocrisie dans l’appui unanime des sénateurs républicains à la création de ce nouveau congé national (14 représentants républicains se sont opposés au projet de loi à la Chambre).

«Soutenir la fête du 19 juin est un geste qui permet aux républicains de faire semblant de reconnaître le péché originel de la nation qu’est l’esclavage, même s’ils insistent sur le fait que le racisme est confiné à notre passé national. Dans le même temps, cependant, les républicains de tout le pays – encouragés par Fox News et le chœur médiatique de droite – tentent de faire passer des lois interdisant aux écoles d’enseigner l’histoire factuelle du racisme et de la suprémacie blanche dans ce pays, sous prétexte d’attaquer la ‟théorie critique de la race”, un ensemble de concepts universitaires qu’ils ont dépouillés de leur signification et de leur contexte originaux», dénonce Robinson.

Le columnist met également en parallèle l’appui des républicains à «Juneteenth» et leur opposition à une réforme du système électoral destinée à contrer les lois électorales discriminatoires adoptées récemment par plusieurs États dominés par des parlementaires et gouverneurs de leur parti.

«Si les Républicains veulent nous convaincre qu’ils sont sincères dans leurs paroles émouvantes sur l’importance du 19 juin, voyons-les signer le projet de loi sur le droit de vote qui a été adopté par la Chambre et qui est maintenant examiné par le Sénat. S’ils n’aiment pas cette loi, qu’ils en proposent une de leur cru pour protéger le droit de vote de chaque Américain.»

«Parlez plus fort, Sénateur Hawley. Je ne peux pas vous entendre», ajoute Robinson en s’adressant à un sénateur républicain qui a levé le poing en signe de solidarité avec les émeutiers du 6-Janvier qui voulaient annuler les votes des électeurs afro-américains d’Atlanta, de Philadelphie, de Detroit, de Milwaukee.

P.S. : Dernière journée de l’avant-dernière campagne de financement de ce blogue en 2021. Ravi de l’appui manifesté jeudi par les lecteurs et commentateurs à ce site consacré à l’actualité américaine. Un grand merci à tous ceux et celles qui ont contribué, de même qu’aux autres qui le feront d’ici les 12 coups de minuit