Diriger le Sénat américain, c’est comme essayer de «rassembler des chats». On doit au sénateur républicain du Tennessee Howard Baker, chef de la majorité au Sénat dans les années 1980, cette image. Baker voulait exprimer l’idée que chaque sénateur n’en fait qu’à sa tête, n’en déplaise aux chefs de file ou aux collègues de son parti. Bernie Sanders en a fourni une autre démonstration lundi en annonçant son opposition à une éventuelle entente bipartite sur un plan d’investissements dans les infrastructures.
Le sénateur du Vermont n’est pas le seul sénateur du groupe démocrate à critiquer ce plan qui ne contient aucun investissement dans les infrastructures vertes et dont le financement passerait en grande partie par une augmentation de la taxe sur l’essence, un impôt régressif. Les sénateurs démocrates Jeff Merkley (Oregon) et Ed Markey (Massachusetts) sont également opposés à un plan qui ne contient aucune mesure pour lutter contre le changement climatique. Elizabeth Warren (Massachusetts) va encore plus loin dans son opposition.
«Je ne peux pas soutenir un plan d’infrastructures qui n’inclut pas la garde d’enfants, l’énergie propre et l’obligation pour les riches et les puissants de payer une part équitable pour que cela soit fait», a-t-elle déclaré. «Il faut que ce soit un seul accord et non deux accords.»
D’autres sénateurs démocrates appuieraient le plan négocié par un groupe de 20 démocrates et républicains, dont Joe Manchin et Kyrsten Sinema, mais à la seule condition que ces derniers acceptent d’employer la procédure de réconciliation budgétaire pour adopter sans l’appui des républicains le reste du programme économique de Joe Biden.
Il y a une autre métaphore qui explique ce qui se passe au Sénat en ce moment. Ce n’est pas un homme d’État américain qui l’a inventé mais allemand, Otto von Bismarck, pour ne pas le nommer : «Les lois sont comme les saucisses. C’est mieux de ne pas voir leur préparation.»
P.S. : L’avant-dernière campagne de financement de ce blogue en 2021 se poursuit pour la deuxième journée. Merci à tous ceux et celles qui y ont déjà contribué et aux autres qui le feront aujourd’hui!
(Photo AP)
La ligne est mince entre le noble compromis et la basse compromission.
Le sénat royaume du « log rolling », du quid pro quo, et du « asinus asinum fricat »
Comme je l’ ai déjà écrit, si ça prend toujours l’ approbation des républicains pour avancer dans quoi que ce soit, il ne se passera jamais rien.
Je suis d’ accord avec Bernie, allez et fonçons , afin d’ améliorer la vie de tous les Américains, tel que promis par Biden.
Encore une fois, ça ne s’invente pas; on se croirait dans un univers kafkaïen!
Toute cette folie parce qu’on ne peut augmenter un tantinet l’impôt des riches qui nagent littéralement dans l’argent; un grand Merci à Donald Trump et aux républicains 🤮.
Je me demande bien pourquoi qui a toute sa tête voudrait de cette job de président; l’enfer serait sans doute un endroit plus agréable.
«Les lois sont comme les saucisses. C’est mieux de ne pas voir leur préparation.»
En particulier quand les républicains participent à la recette. La saucisse devient très maigre et perd toute saveur.
Ou il y a des saveurs qu’on ne veut pas !!
À force de vouloir faire plaisir aux républicains, les sénateurs démocrates semblent oublier de quel bord ils sont.
Celui,celle qui pensait que ce pays changerait avec l’arrivée de Biden,ben vous avez votre réponse.
Il y a changement à la surface uniquement, c’est un *mirage*.
Les états-uniens sont encore les mêmes.
ca$h,ca$h,ca$h. Le reste bof…
Il y a des *irréductibles* mais ils sont largement minoritaire.
Bernie n’a pas le choix vraiment. S’il veut être honnête avec sa philosophie et les gens qu’il représente, il fait bien de bloquer s’il n’y a pas de milliards en jeux pour les énergies vertes. En même temps, si Biden accepte les républicains vont mordre. Parfois je me demande si ce n’est pas une utopie cette démocratie à l’américaine. Un système bipartite mais surtout diamétralement opposée bipartite. La parité entre les 2 parties paralyse les institutions politiques au décisionnel. Ca ralenti le développement et prive des centaines de millions de personnes de services parfois essentiels. Cette léthargie favorise l’opacité du marigot de Washington.
Bien sûr que ce sont de chats. Ils ont chacun des besoins particuliers dans leur district ou leur état.
Le maintien d’ une base militaire ici, la rénovation d’un pont là et des projets structurants, comme la rénovation des autoroutes et des aéroports pour tout le monde.
Le hic est l’économie verte. Parce que le pétrole nourrit l’économie en ce moment. Passer à un autre modèle économique avec moins de carbone va être difficile surtout dans les états producteurs de pétrole ou de gaz naturel comme le Texas. Juste à voir le combat d’arrière-garde féroce pour le charbon dans les Appalaches.
Au moins BS, EW et consorts sont cohérents avec leur positions et actions antérieures: ils préfèrent ne rien accomplir du tout plutôt que de s’écarter de leur intégrisme idéologique jusqu’au-boutiste qui leur interdit de viser autre chose que le tout-ou-rien, sans même pouvoir envisager de réaliser pour l’instant ce qui est faisable à ce moment-ci, quitte à reporter les éléments du plan qui posent problème à des projets de loi ou discussions distinctes .
Il pourront ainsi se draper fièrement dans la blanche toge de la pureté doctrinale. Entre-temps, c’est le pays et le peuple des ÉU qui continueront de payer le prix si rien n’est fait sur aucun front, pas même ceux qui pourraient faire consensus.
L’attitude de Sanders et des Démocrates progressistes est fort compréhensible.
Il ont l’impression et ils n’ont pas tort, que l’administration Biden est en train d’édulcorer pour ne pas dire diminuer la portée du plan d’investissement des infrastructures afin d’obtenir coûte que coûte un compromis acceptable avec les Républicains.
Certains vont trouver leurs positions un peu extrêmes mais je ne partage pas nécessairement cet avis.
Oui un compromis est souhaitable mais pas au pooint de renier des pans entiers des engagements pris devant l’électorat et qui ont contribué à l’élection du président Biden.
Que les discussions continuent est une bonne chose mais il y a des limites que l’administration Biden ne doit pas franchir au risque de perdre sa crédibilité auprès de l’électorat.
La démocratie américaine souffre d’un sérieux problème de dysfonctionement et on en a une preuve fort éloquente dans ce dossier.
Beau casse-tête en perspective pour le président.
C’est dommage, je trouvais justement que Sanders s’améliorait beaucoup pour aider les démocrates, qu’il faisait des efforts pour rejoindre les gens de son propre parti même s’il n’a pas l’habitude de mettre de l’eau dans son vin en travaillant avec d’autres.
Ce qui contrastait beaucoup avec les membres du squad qui continue leur attaques contre le parti démocrate, dont récemment un tweet des plus abjecte de Tlaib:
“Freedom of speech doesn’t exist for Muslim women in Congress. The benefit of the doubt doesn’t exist for Muslim women in Congress. House Democratic leadership should be ashamed of its relentless, exclusive tone policing of Congresswomen of color.”
Le même niveau que Donald Trump, on se demande bien si Manchin est le pire… Sachant que chacune des membres du squad a voté contre le projet d’investissement de Biden.
https://twitter.com/RashidaTlaib/status/1403077496296386561
@FlorentNaldeau à 19:56
« leur intégrisme idéologique jusqu’au-boutiste qui leur interdit de viser autre chose que le tout-ou-rien »
Eh, en forme l’ami ! Mais, n’appuyez-vous pas un peu trop fort sur le crayon ?
« Il pourront ainsi se draper fièrement dans la blanche toge de la pureté doctrinale »
Et comment désignez-vous leurs opposants ?
En sommes-nous encore à l’heure de renvoyer tout ce beau monde dos-à-dos alors qu’il n’y a plus de temps à perdre si l’on veut limiter le réchauffement global à 2 Celsius au-dessus des niveaux préindustriels?
En fait, nous n’en sommes plus aux demi-mesures. Il faut y aller la pédale au fond. Nous devons faire confiance aux spécialistes.
https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/climate-change-2/
«Les lois sont comme les saucisses. C’est mieux de ne pas voir leur préparation.» Bismarck.
Avec les Républicains aux fourneaux, les saucisses sénatoriales se rapprocheront toujours des saucisses de la défunte Federal Packing mises en vedette lors de la fameuse CECO. (Commission d’enquête sur le crime organisé)
«Les travaux de la Commission ont été diffusés en direct à la télévision. La population québécoise a suivi passionnément ces révélations, notamment celle sur le scandale de la viande avariée.
Dans cette histoire dégoûtante, le cartel mafieux alimentait en viande tous les commerces de restauration d’Expo 67. Des récupérateurs d’animaux morts ou malades fournissaient la viande pour la consommation humaine.»
https://ici.radio-canada.ca/emissions/aujourd_hui_l_histoire/2016-2017/chronique.asp?idChronique=423699
jeanfrancoiscouture
RE: « Des récupérateurs d’animaux morts ou malades fournissaient la viande pour la consommation humaine.»
——
Ajout amical:
Est-ce un scénario semblable à celui de « Soylent Green » ? 😉
Film librement inspirée du roman de Harrison ‘Soleil Vert’,
cette dystopie combine le genre du film policier et de la science-fiction,
à savoir l’enquête sur le meurtre d’un riche homme d’affaires
et un avenir où les océans sont mourants
et la canicule est présente toute l’année en raison de l’effet de serre,
conduisant à l’épuisement des ressources naturelles, la pollution, la pauvreté, la surpopulation et l’euthanasie volontaire. »
(NDLR: Je saute plusieurs chapitres, et je cite le dialogue:)
-« Soylent Green est fabriqué avec des gens » (« Soylent Green is made out of people! »)
à l’image, lui dit-il, du bétail utilisé pour faire de la nourriture.
Il supplie son supérieur de tout révéler,
celui-ci acquiesçant avec une certaine ambiguïté sur ses intentions futures.
Alors qu’on l’emmène sur un brancard, il crie à la foule assemblée autour de lui :
« Soylent Green, c’est les gens ! » (« Soylent Green is people! »)
*https://youtu.be/6Z2txLk0ybo
On ne peut pas en vouloir à Bernie Sanders ni Elizabeth Warren. Ces deux-là hormis Alexandria Ocasio-Cortez représentent les plus progressistes aux Sénat et leurs attentes ne sont pas astronomiques.
Nous sommes en 2020 et les É-U. sont à la traîne parmi les pays du G7 à biens des niveaux. Accès aux services de santé, à l’éducation, aux garderies sont les éléments qui arrivent en tête de liste.
Le problème ici est que tout être blanc ou noir, bon ou mauvais, pas de nuances dans ce pays polarisé à l’extrême. Il y a tant de bonnes variétés de saucisses – la Chipotle du Mexique, la Wienerwurst allemande, la merguez magrébine, la kabanos polonaise etc. – pourquoi se limiter à la Schneiders et la Hygrade ? Le bipartisme moderne a créé ces ornières républicaines vs démocratiques qui se creusent sans cesse.
Le plus triste de l’histoire, c’est qu’il n’y a pas de place dans le paysage politique pour un troisième voire un quatrième parti. On m’a déjà mentionné que des simulations faites sur le système politique états-unien converge inévitablement vers un système bipartite. Mais je n’ai rien réussi à trouver sur la toile à ce sujet, si quelqu’un a une référence, S.V.P. me répondre.
L’autre volet important est le supposé virage vert de Biden. Ça ressemble de plus plus à Trudeau, bien des promesses et peu d’actions. Dans ce cas, je suis encore plus d’accord avec les réfractaires. Il faut se donner les moyens de ses ambitions.
Je suis impatient de voir la tournure de cette proposition, mais à ce stade il est important que les éléments les plus socialistes du parti tiennent leur position, au moins autant que les Joe Manchin et Kyrsten Sinema.
Comme conclusion gastronomique,
« La politique c’est comme la saucisse Hygrade : plus on en mange, plus on aime ça et plus on aime ça, plus on en mange ! ».
@InfoPhile « Eh, en forme l’ami ! Mais, n’appuyez-vous pas un peu trop fort sur le crayon ? »
Moi qui croyais au contraire avoir fait preuve de retenue… Faudra que je me tape de nouveau quelques ateliers de modération argumentaire. 😉
« Et comment désignez-vous leurs opposants ? »
Je ne crois pas que les Républicains justifient leur entêtement sur certains aspects de la négociation avec la même attitude de supériorité moralisatrice qu’adoptent fréquemment bien des Démocrates soi-disant « progressistes ». MMcC est même assez franc quant au caractère résolument opportuniste de son opposition.
La politique, et toute négociation en fait, est affaire de résultats. La solution à laquelle en arrivent les parties coïncident rarement en tous points avec la position initiale de l’une ou de l’autre, mais leur devoir est de tout tenter pour en arriver à une telle solution. C’est une réalité à laquelle des gens comme AOC et ses proche alliés restent encore imperméables dirait-on, ce qui les amène à refuser des solutions au moins partielles et à amplifier le climat toxique de division qui règne au Congrès. Les Républicains font aussi leur part, mais de manière plus passive, simplement en disant non de manière pavlovienne aux propositions « socialistes extrêmes » de JB.