Le blogue de Richard Hétu

Il y a deux jours, la journaliste du New York Times Maggie Haberman publiait un tweet contenant cette affirmation étonnante : «Trump a dit à un certain nombre de personnes avec lesquelles il est en contact qu’il s’attend à être réintégré d’ici le mois d’août.» Un de ses abonnés a demandé : «À la Maison-Blanche?» La star du Times, qui a récolté quantité d’exclusivités pendant la présidence de Trump, a répondu par l’affirmative. Mais à quoi rimait vraiment cette histoire?

Même en tenant pour acquis que l’information de la journaliste était exacte, certains observateurs ont refusé de la prendre au premier degré. Ils ont fait valoir que le 45e président se livrait sans doute à un jeu quelconque destiné à encourager ses partisans à lui donner de l’argent. Des trumpistes ont tout simplement dénoncé, de leur côté, une autre «fausse nouvelle». Or, en lisant cet article signé par Charles Cooke, journaliste de la revue conservatrice National Review, Donald Trump croit plus que jamais à ses mensonges. En d’autres mots, sa mythomanie va en s’empirant. Je le cite :

«En réponse [au tweet de Maggie Haberman], de nombreuses personnalités de droite se sont mis les doigts dans les oreilles ou ont crié à la fausse nouvelle. Au lieu de cela, ils auraient dû écouter – parce que le reportage de Haberman était correct. Je peux attester, après avoir parlé à toute une série de sources différentes, que Donald Trump croit en effet très sincèrement qu’il […] sera ‟réintégré” dans ses fonctions cet été après que les ‟audits” des élections de 2020 en Arizona, en Géorgie et dans une poignée d’autres États auront été achevés. Je peux également attester que Trump s’efforce de recruter des journalistes, des politiciens et d’autres personnalités influentes pour promulguer cette croyance – non pas comme un outil de collecte de fonds ou un morceau infantile de trolling ou un ballon d’essai, mais comme un fait.»

Plus loin, Cooke ajoute : «L’ampleur du délire de Trump est tout à fait surprenante. Il ne s’agit pas simplement d’une interprétation excentrique des faits ou d’une manie intéressante, ni d’un exemple non pertinent de bavardage angoissé post-présidence. Il s’agit d’un rejet de la réalité, d’un rejet de la loi et, finalement, d’un rejet de l’ensemble du système de gouvernement américain.»

Les propos de Cooke sont confirmés, dans une large mesure, par un article publié ce jeudi par le Washington Post, qui décrit l’obsession de Donald Trump pour les recomptages en cours dans les comtés de Maricopa en Arizona et de Fulton en Géorgie. Recomptages qui ne changeront rien aux résultats de l’élection présidentielle de 2020 mais que l’ancien président voudrait voir se produire également en Pennsylvanie, au Michigan, au Wisconsin et au New Hampshire.

«M. Trump fait une telle fixation sur les audits qu’il a récemment suggéré à ses alliés que leur succès pourrait entraîner son retour à la Maison-Blanche cette année, selon des personnes au fait des commentaires qu’il a faits. Certains conseillers ont déclaré que de tels commentaires semblaient n’être que des songeries désinvoltes», écrit le Post.

Songeries désinvoltes. C’est une façon de voir les choses. Mythomanie en est une autre. Dans son ouvrage intitulé Petit traité des perversions morales, Alberto Eiguer écrit : «Les mythomanes doivent croire sincèrement aux histoires qu’ils racontent et aux personnages qu’ils inventent pour pouvoir mieux convaincre les autres. Même si ce n’est pas le cas au début, ils finissent par se prendre à leur propre jeu.»

Mais où cela va-t-il finir? Et comment?

(Photo Reuters)