Le blogue de Richard Hétu

Il s’agissait d’un des témoignages les plus attendus du procès de Derek Chauvin, accusé d’avoir tué Georgie Floyd. Il est survenu lundi lorsque le chef de la police de Minneapolis, Medaria Arradondo, a ajouté sa voix calme et crédible à celle de deux autres policiers pour expliquer que la force employée par Chauvin lors de l’arrestation de Floyd était «absolument» contraire aux politiques, enseignements et valeurs du service qu’il dirige depuis 2017. Rappelons que le policier blanc a maintenu son genou sur le cou de l’Afro-Américain pendant plus de neuf minutes alors que ce dernier était menotté et étendu à plat-ventre

«Une fois que M. Floyd a cessé de résister, et certainement une fois qu’il était en détresse et essayait de le verbaliser, cela aurait dû s’arrêter», a déclaré Medaria Arradondo. «Il est clair que lorsque M. Floyd ne réagissait plus – et qu’il était même immobile – continuer à appliquer ce niveau de force à une personne allongée, menottée dans le dos, n’est en aucun cas conforme à la politique, ne fait pas partie de notre formation et ne fait certainement pas partie de notre éthique ou de nos valeurs.»

Lors de la première semaine du procès, le lieutenant Richard Zimmerman, chef de la division des homicides, a affirmé que s’agenouiller sur le cou de George Floyd alors qu’il était menotté et allongé sur le ventre était un usage de la force mortel et «totalement inutile». L’ancien sergent David Pleoger, qui était le superviseur de Chauvin, avait déclaré de son côté que ce dernier aurait dû cesser d’appuyer son genou sur le cou de Floyd quand celui-ci ne résistait plus.

Medaria Arradondo avait également témoigné en 2017 lors du procès du policier Mohamed Noor, accusé d’avoir tué une femme qui avait appelé le 911 pour rapporter ce qu’elle croyait être un viol en train d’être commis dans une ruelle. Noor avait été reconnu coupable d’homicide involontaire. Mais les témoignages de chefs de police sont extrêmement rares aux États-Unis durant les procès de policiers accusés de meurtre.

Arradondo a été suivi à la barre par l’inspecteure Katie Blackwell, qui a déjà dirigé la formation des policiers de Minneapolis. Elle a raconté que les policiers étaient formés à utiliser «un bras ou deux bras» pour retenir un suspect par le cou et à appliquer une pression légère ou modérée. Lorsqu’on lui a présenté une photo de Chauvin agenouillé sur le cou de Floyd, elle a déclaré que cette manoeuvre ne correspondait pas à la formation.

Quand la défense appellera ses témoins à la barre, elle tentera de faire croire le contraire aux jurés. Après sept jours de procès, le défi semble insurmontable.

(Photo Court TV)