Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Je vous ai invités à offrir vos témoignes ou souvenirs de l’année qui vient de s’écouler pour accompagner la première campagne de financement de ce blogue en 2021, campagne qui en est à ses dernières heures. Le témoignage de Patrick Lortie commence ainsi : «J’ai une histoire à vous raconter.» Je vous laisse découvrir cette histoire sans rien ajouter, sauf pour préciser qu’elle ne se limite pas à ce qui s’est passé au cours de la dernière année aux États-Unis, mais alors pas du tout…

«Je viens d’un milieu très blanc/québécois/francophone. De ma naissance jusqu’à la mi-vingtaine la plus grande exposition à des cultures différentes de la mienne c’était les sandwichs shish taouk de chez Sarah au coin de Saint-Laurent et Mont-Royal. Jusqu’au début des années 2000, pour moi, «l’autre» ou «l’étranger» c’était un anglophone blanc. Et dans ce temps-là, je croyais vraiment que j’avais l’esprit ouvert. Mais quand on ne sait pas mieux, on est plein de confiance. L’ignorance c’est le bonheur, n’est-ce pas? 

À l’âge de 21 ans, je tombe amoureux d’une femme anglophone d’origines britannique/allemande. Elle étudie pour devenir enseignante. Elle a grandi à NDG et est allée à l’école anglophone. Depuis son jeune âge, ses amis et camarades de classe proviennent de multiples cultures, religions et nationalités. Je ne sais pas combien de fois on a eu des conversations au sujet de l’équité pour les immigrés, le racisme systémique (eh oui, dans ce temps là), l’utilisation du «N word», etc. Je vous jure que quand je me remémore ces conversations je me rappelle à quel point j’étais un «Inculte» (avec un grand «I»). Je n’avais pas de haine envers «l’autre». Mais j’étais inconscient des enjeux sociaux d’une minorité grandissante. 

Je me rappelle qu’on a souvent discuté d’un point sur lequel je trouvais qu’elle exagérait : l’importance de toujours parler d’une personne en la nommant ainsi avant toute autre chose. Je m’explique : on ne dit pas un handicapé, mais une personne avec un handicap. Ce n’est pas un aveugle, mais bien une personne avec un handicap visuel. Ce n’est pas un Noir ou un Asiatique ou une personne noire ou d’origine asiatique. Elle insistait pour dire qu’une personne est une personne avant tout et qu’il ne faut pas la définir pas sont handicap, sa couleur, ses origines, etc. Je lui tenais tête. L’accusant de faire du politically correct. On est à l’époque des Bleu Poudre et de Piment Fort

Aujourd’hui (28 ans plus tard), j’enseigne à mes deux filles de 5 et 7 ans que l’on n’identifie jamais une personne par une couleur, un handicap, une croyance, une origine à moins que la situation le demande et que ce soit absolument nécessaire. J’insiste qu’il est primordial de nommer les gens par leur nom et de mettre en valeur leurs paroles et leurs actions. Quand elles me demandent pourquoi je leur explique qu’on ne peut «coller» à quelqu’un que le résultat de leurs actions et de leurs paroles, car ce sont les deux choses dont elles ont le plein contrôle. Je suis bien loin du gars qui se moquait de sa blonde politiquement correct

Plus tard dans ma vie, une femme d’origine indienne qui venait de l’Afrique du Sud est entrée dans ma vie. Cinq très belles années. Elle était étudiante au doctorat à McGill. Spécialiste de la Charia, des genres, de la sexualité et de la condition féminine. Vous pouvez vous imaginer que même si j’étais un peu plus instruit sur les cultures, les religions et le féminisme, les conversations ont monté d’une coche pas à peu près. Cette personne m’a accepté tel que j’étais avec toutes mes préconceptions et mes insuffisances (et mes beaux yeux, il y avait quand même du bon). Elle m’a exposé à une panoplie de cultures et d’idées. Elle ne m’a jamais sauté dans la face pour mes propos ou mes idées et je vais être franc : mon ignorance. Je lui en ai dit des niaiseries. Pas une montagne, mais ça arrivait régulièrement. Je lui suis reconnaissant aujourd’hui. Peu auront ce niveau de reconnaissance de ma part. 

De la première femme de ma vie à la dernière, 25 années se sont écoulées. Je ne suis plus le même. Mon travail dans les écoles ainsi que dans les télécommunications a fait que j’ai côtoyé un grand nombre de gens de différentes origines, cultures et religions. Grâce à mes conversations avec mes compagnes je me suis ouvert à «l’autre» de plus en plus tout au long de mon cheminement. Mon cercle d’amis s’est rempli de gens provenant d’une grande variété de cultures. Ces gens avaient souvent des opinions bien différentes des miennes. Des fois ils avaient raison, des fois, j’avais raison, des fois on avait tous raison et des fois on avait tort d’un côté ou de l’autre et il est arrivé que personne n’avait raison. Il y a eu des conversations faciles et difficiles et même des conversations où une pause fut nécessaire dû à une charge émotionnelle trop grande. Mais jamais une amitié ne fut brisée. Jamais une porte ne fut claquée pour ne plus jamais revoir un ami. Aujourd’hui je m’assure que mon ouverture s’élargisse. Je suis moins ignorant chaque jour. Où en serais-je si je n’avais pas eu la chance d’échanger et de me faire défier sur mes perceptions et ma compréhension du monde qui m’entoure? 

Je n’arrive même pas à établir une date exacte où soudainement, pour ce qui pour moi m’a paru out of the blue, on ne pouvait plus se parler à moins d’être du même bord. Bien sûr, on savait qu’on ne pouvait pas parler de certains sujets avec tel ou tel individu. Mais depuis un bout c’est systématique et c’est arrivé dans les 12 derniers mois. Ne me demandez pas comment. Dans la dernière année, on a vu le clown suprême montrer ses vraies couleurs. Avant il nous divertissait. Maintenant, il fait peur. De bouffon du monde à Pennywise sans qu’on ait le temps de s’en rendre compte. QAnon se retrouve au Capitole, dans le Capitole, encensé entre les lignes. CNN dans son camp et Fox News de l’autre. Les deux réseaux biaisés dans leurs propos, les nouvelles qu’ils rapportent et ne parlons pas des éditoriaux. Il n’y a plus place au dialogue. Il n’y a plus de place aux échanges. «T’es de mon coté ou t’es du leur». Ça n’a jamais été plus vrai que dans les 12 derniers mois. 

Un professeur d’université, avec aucune mauvaise intention, doit remettre sa démission pour avoir mis un livre sur la liste de lecture recommandée. Une autre quitte ses fonctions, car un étudiant est insulté du manque de connaissance du prof en matière de reconnaissance des différences des genres (et soyons franc, que la majorité de nous n’ont pas une bonne compréhension des derniers développements dans ce domaine). Je ne vais pas faire la liste complète. Mais combien de personnes avec aucun but de faire du mal ont subi des conséquences majeures dans les 12 derniers mois ? Danny Turcotte est les derniers à éprouver les contrecoups de la systématisation de ce phénomène : la polarisation extrême. 

C’est ce qui m’inquiète le plus des développements de la dernière année. Je ne peux m’empêcher de faire le lien entre les évènements et les circonstances aux Étaits-Unis et la polarisation systématique, qui ne laissent aucune place aux excuses, aux conversations, aux échanges et qui souvent ont des implications majeures dans la vie d’individus sans malignité. Avec une population qui se diversifie à un pas plus rapide que jamais, sachant que les échanges d’idées et d’expériences sont à la source de la compréhension de «l’autre», qu’on ne peut sortir de l’ignorance que par ce processus, si la polarisation s’intensifie que va-t-il nous arriver? Que deviendront mes filles si elles n’ont pas cette chance que j’ai eu d’échanger librement? Je vous jure que c’est ce qui me préoccupe le plus depuis un an. Et je me demande toujours comment fera-t-on pour renverser la vapeur…»

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53 réflexions sur “L’éducation d’un «Inculte»

  1. Salvador E. Rodriguez dit :

    Ça vaut la peine de le lire deux fois. Vraiment bon texte. Ça donne de l’espoir dans l’humanité. Ce qui il y a d’extraordinaire dans une ouverture à la différence c’est ça vient avec de la bonne bouffer et de la bonne musique. C’est un univers sans fin ou il y a du plaisir qui se partage très bien.

    1. gigido66 dit :

      Merci pour votre belle histoire de vie, la vôtre s’est métamorphosée pour le mieux.

      S’ouvrir, rencontrer la différence, la respecter, l’apprivoiser, connaître l’autre d’abord pour ensuite l’accueillir comme il est. La suite se fait toute seule.
      Trop de gens ont peur de l’inconnu. C’est dérangeant, c’est déstabilisant et parfois inconfortable.
      SIls savaient que c’est tetllement enrichissant!
      Je fais confiance aux générations qui nous suivront…elles auront le coffre à outils pour faire face aux défis de la communication. Je ne veux pas croire que l’évolution se transformera en régression de l’humanité.

      1. richard311253 dit :

        @gigido66 à 22:30, vous écriviez,

        « Je fais confiance aux générations qui nous suivront…elles auront le coffre à outils pour faire face AUX DÉFIS DE LA COMMUNICATION. »

        Après avoir lu le beau texte de Patrick Lortie ainsi que tous les commentaires suivants, je m’étais dit qu’il n’était pas utile d’ajouter quoi que ce soit, tant il y a avait de la pertinence du propos, MAIS………………..

        Il y a cette phrase, votre phrase qui m’a bouleversé. Je réalise qu’à 67 ans, grâce à ces quelques mots, je suis « out of order » face aux défis d’une communication moderne où de nombreuses subtilités m’échappent, j’en ai peur !

        Pourtant, jamais je n’ai aussi bien communiqué, me dis-je ! Ma technique de communication s’est améliorée, mon français aussi, il est perfectible, la clarté de mes idées etc, j’ai amélioré ce que j’ai appris dans mon temps.

        Qu’en est-il du langage texto que les jeunes affectionnent ? Je peux bien critiquer cette forme de communication mais si je ne les rejoins pas, « kossa donne » cette belle technique de communication ?

        Les jeunes communiquent selon leur temps, leur modernité, pas selon mes critères qui, plus performants que jamais dans mon cas, rejoignent qui finalement ?

        Non, tout bien réfléchi, je ne suis pas « out of order » mais je ne suis plus un jeune. OUCHHHH!!!!!!

      2. gigido66 dit :

        « Je ne suis plus jeune… », mais votre cerveau l’est à sa mesure, il ne réalise pas et peut-être ne réalisera jamais qu’il veillit. On ne se voit pas vieillir, a moins d’être en contact étroit avec des plus jeunes que nous.
        Ma mère de 94 ans ne se voit pas « vieille » , mis à part le corps qui a de la difficulté à suivre. Elle est encore vive d’esprit, mais on pourrait dire que son cerveau, tel un disque dur, est rempli et ne contient plus assez d’espace pour emmagasiner le nouveau. Elle choisit donc ce qu’elle veut y »stocker » et ce qu’elle peut contrôler.
        On jase beaucoup et elle s’intéresse beaucoup à la politique américaine et me demande de l’alimenter à ce sujet…(merci à ce blogue)
        Par contre, pour le web et les nouvelles technologies, elle a abdiqué. Trop compliqué!

        J’ai réalisé au cours des années avant de prendre ma retraite comme enseignante que mes idées et mon expérience, bien qu’efficaces et ayant fait leur preuves, ne correspondaient plus aux nouvelles idées de la génération d’enseignants qui nous suivaient. Ces jeunes enseignants connectaient davantage avec les élèves, plus près de leur réalité. Ils étaient plus comme des guides et moi, j’étais perçue comme une grand-mère…ou pas loin….😁
        C’est là que j’ai compris que leur formation et leur expérience les amenaient plus loin que ce que je pouvais procurer aux étudiants. J’ai compris que le futur leur appartenait et qu’ils feraient ce que toutes les générations ont fait avant eux, c’est-à-dire s’adapter à leur environnement dans lequel ils sont venus au monde et évolueraient avec lui. Et que les réformes futures (dans l’enseignement, par exemple) seraient portées par eux, car leur coffre à outils est plus moderne et adapté à rencontrer les défis qu’ils auront à surmonter.

      3. richard311253 dit :

        D’accord avec vous sur toute la ligne!

    2. Jean Beaudin dit :

      Je récuse le mot « Inculte » seulement. De zéro à 16 ans je n’ai pas rencontré de noirs ou d’asiatiques. A St-Jean, ils n’étaient pas « nombreux ». Des anglos antifrancophones oui. Mais deux de mes soeurs ayant adopté l’une un noir et l’autre des vietnamiens, puis ayant rencontrée le racisme en France, me faire décrire de « raciste » parce que je suis blanc m’insulte. Surtout que j’ai été bénévole en Afrique et au Vietnam avec des camarades locaux d’autres races. Le Qc francophone s’est ouvert plus aux autres cultures à partir de Terre des Hommes. Aujourd’hui je dirais qu’une part significative des allophones suivant les anglos est antifrancophones. J’ai été parfois témoin de racisme mais j’ai été victime d’attitudes antifrancophones presque à toutes les années même avant 8 ans. Le systémique s’applique mieux à l’antifrancophone qu’au racisme au Qc sutrout si on se compare à la France et les USA. Quand ce sont des anglos et des allophones ou des plus jeunes francophones qui m’accusent, cela me rend susceptible le leur dire qu’il sne connaissent pas l’Histoire…par exemple de Riel ou du rêglement ontarien XVII.

  2. Haïku dit :

    Pour la deuxième fois,
    merci Patrick Lortie pour votre superbe témoignage ! 👌

  3. MC dit :

    Exposé d’une acuité dès plus opportune

  4. michelodu dit :

    Ça prend toujours un brin d’humilité pour progresser réellement, tel que l’a fait l’auteur cité en question. Or, on dirait que c’est une qualité que l’on ne trouve pas souvent, surtout dans un contexte de doléance et de polarisation. On a nouveau président qui tend la main, qui témoigne de sa volonté de gouverner pour tous les Américains, et y en un bon nombre qui font la sourde oreille. Néanmoins, j’ai l’impression que le parti du milieu commence à gruger des récalcitrants de la droite mécontents de leur parti traditionnel.

  5. sousmarin dit :

    C’est vrai, l’intolérance gagne du chemin et ce chemin ne sent pas bon du tout…
    Que faire pour que ça change ? Je pense qu’il faut repenser complètement la façon dont nous choisissons nos élites, notamment nos élites politiques et judiciaires.
    Il nous faut des altruistes intelligents à ces places alors que nous avons beaucoup trop d’égocentristes menteurs, souvent malins mais pas particulièrement intelligents, quand ce n’est pas pire encore…

    Non seulement, ils montrent la mauvaise voie mais leurs décisions provoquent de la colère et la colère amène souvent l’intolérance.

    1. MarcoUBCQ dit :

      Je seconde vos propos avec enthousiasme!

  6. MC dit :

    Exposé d’une grande pertinence sur la déliquescence des rapports humains.

  7. bidulen dit :

    La deuxième chance a disparu avec son corollaire le pardon… Quand je ne suis pas d’accord avec quelqu’un, il devient un troll!

    1. Achalante dit :

      Regardez de l’autre côté, aussi. Quand des gens qui voudraient que certaines personnes soient « moins que » demande qu’on les rencontre à mi-chemin… Que peut-on faire? Est-ce qu’on doivent leur permettre de moins bien traiter certaines personnes? Comment peut-on alors regarder en face ces personnes qui seraient sacrifiées pour le « bien être » de personnes qui sont, somme toutes, déjà privilégiées par la vie?

  8. MarcoUBCQ dit :

    Puisque je vis hors du temps, de l’espace et du contexte, pour toutes sortes de raisons, je peux vous dire Patrick que vos enfants vont vivre une formidable histoire humaine. Oui, la polarisation semble infecter tout un chacun, mais cette période n’est que passagère, l’histoire de l’humanité le montre sans l’ombre d’un doute. Comme les médias usuels focalisent sur l’instantané et donc l’abscence de recul et de sagesse, je ne me fie aucunement sur eux pour donner une image claire de l’évolution de l’humanité. Ce qui se passe en temps réel chez nous, les êtres humains, n’est raporté que par une minorité.

    Les dérives actuelles, bien représentées par Ted Cruz, un menteur opportuniste sans scrupules, ne sont que passagères, tel ce maire texan qui a osé dire à ses électeurs qu’ils étaient maîtres d’un phénomène imputable à des individus qui ne savent pas ce qu’est l’imputabilité. Vos filles vont voir clair dans le jeu de ces imbéciles.

    Dans cette quête de division, de peur et de haine, la confusion qui en est tributaire ne peut pas durer éternellement. Un petit virus a permis à tous un temps de réflection salutaire, qu’il ait été pénible, indifférent ou même agréable pour nous tous. La poussière va retomber et les esprits vont se calmer. Les animaux savent instinctivement qui est digne de leur confiance ou pas: Nous les êtres humains devront retrouver cette capacité, et ainsi attribuer le pouvoir à ceux qui en sont dignes, et mettre à l’écart ceux qui sont indignes de… tout? Sauf une cellule dans une prison?

    Pour nous qui sommes nés dans un milieu ambigu, diversifié, mélangé et complexe, le nouveau monde semble aller de soi. Mais pour les magas de ce monde, croyant que la vie se simplifie à une couleur, une langue, une vision, un art et tout autre monothéisme individuelle, la marche est haute. L’humanité est officiellement bilingue ou polyglote depuis peu: Les unilingues, monochromatiques, mono-culturels et autres monos sont en déclin et le seront encore plus demain. Qui ne s’adapte pas mourra.

  9. Micheline L dit :

    Merci Patrick Lortie. Très beau texte!

  10. Haïku dit :

    HS,
    C’est vendredi, prise 2….
    ——————————————
    Un passager dans un taxi se penche vers l’avant pour pouvoir poser une question au chauffeur;
    et lui touche l’épaule doucement pour attirer son attention.

    Le chauffeur lâche un cri de mort !!!, perd le contrôle du véhicule, évite un autobus de justesse,
    monte sur le trottoir et s’arrête à quelques pouces de la vitrine d’un magasin !

    Pour quelques instants, c’est le silence………puis le chauffeur déclare, d’une voix tremblante :
    – Je regrette, mais vous m’avez vraiment fait peur !

    Le passager s’excuse, en disant qu’il ne pensait pas qu’un simple touché sur l’épaule pourrait l’apeurer autant.

    Le chauffeur répond :
    – Oh, ne vous excusez pas, c’est ma première journée de conduite de taxi.
    Ces 25 dernières années, je conduisais un corbillard……
    ———–‐—————————-
    (NDLR: Le passager était un certain ‘Donald’)

  11. jeanfrancoiscouture dit :

    Imitant Infoman j’écris: «Avertissement». Avec le «système» qui ne me prévient plus des nouvelles entrées, j’avais réagi à ce beau texte de M. Lortie loin ailleurs sur le blogue.
    Désolé pour le doublon.

    @Patrick Lortie.

    Votre texte est sympathique, touchant, rempli d’émotion, d’ouverture en plus d’être fort bien écrit. Or, il éveille chez moi de la perplexité.
    Si je vous lis bien, (sandwichs Shish-Taouks de chez Sarah au coin de Saint-Laurent et Mont-Royal. ) vous seriez montréalais de naissance et adolescent dans les années 1980-2000 et votre rencontre avec la diversité (Jusqu’au début des années 2000, pour moi, “l’autre” ou “l’étranger” c’était un anglophone blanc. ) daterait donc d’il y a à peine 20 ans.

    Débarqué à Montréal en 1979 après un hiatus d’un quart de siècle, j’ai trouvé là une ville déjà très multiculturelle où l’espèce de «Ligne Maginot» que constituait à une certaine époque le Boulevard Saint-Laurent avait été franchie de part et d’autre depuis longtemps.

    Vous auriez mentionné venir d’un ville ou d’une petite ville de province, pour en nommer que je connais, comme disons Causapscal, Rimouski, Saint-Adelphe ou Deschambault, je n’aurais pas été surpris. Mais Montréal, la ville la plus diversifiée du Québec dès avant la fin du 20e siècle, là, je suis vraiment étonné.

    Remarquez, je ne vous fais aucun reproche car j’admire la franchise avec laquelle vous nous avez décrit votre parcours qui est, ma foi, plutôt remarquable et que plusieurs doivent (ou devraient) vous envier mais ma petite question reste là, impertinente: Comment cela se peut-il? Et à Montréal en plus.

    Aurez-vous envie d’éclairer ma lanterne? Mais, comme d’habitude, non seulement je ne juge pas mais je n’insiste pas non plus. Chacun a droit à la liberté de se raconter comme il lui convient et au moment où cela convient.

    1. MarcoUBCQ dit :

      jeanfrancoiscouture dit: 19/02/2021 à 23:49

      « Chacun a droit à la liberté de se raconter comme il lui convient et au moment où cela convient ». À elle seule cette phrase vous honore car toujours vous écrivez cela même qui vaut la peine d’être lu. J’aime bien votre (petite) impertinence (Sourire sur ma face: Je blague) quand au texte de Patrick. Peut-être y-a-t’il des micros îlots culturels, où les gens vivent hors de leur communauté élargie (Montréal) comme les micro-climats?

    2. Emma dit :

      @jeanfrancoiscouture

      Dans une autre vie, ma famille et moi avons habité dans Tétreaultville (Honoré-Beaugrand/Hochelaga). Un de nos voisins immédiats avait été élevé dans le secteur Longue-Pointe (Cadillac/Hochelaga). Unilingue francophone, secondaire 2, peut-être 3. Les seules minorités visibles dont il avait connaissance à l’époque sortaient d’un film d’action américain ou étaient montré menottées en première page du JdeM.

      Il n’avait jamais mis les pieds au théâtre, dans un musée, dans une bibliothèque municipale. Il avait commencé à travailler dans une « shop » vers 16-17 ans et y était toujours 25 ans plus tard. Lorsqu’il devait aller chercher ou livrer quelque chose à l’ouest de Pie-IX, ça lui prenait des instructions détaillées car pour lui, c’était voyager « à l’extérieur » de Montréal. Les seules vacances qu’il avait prises, outre à Balconville, c’était dans un camping à Candiac, à Québec ou en Gaspésie d’où originait sa famille. Il avait toujours vécu en vase clos.

      Il n’a jamais vraiment eu l’occasion de s’ouvrir à la diversité. C’est la diversité qui lui est rentrée dedans de plein fouet. En 5-6 ans à peine, le quartier s’est transformé. Plusieurs petites familles de réfugiés se sont établies dans le quartier, la plupart en processus de francisation. Soudainement, ça s’est mis à parler et à rire en espagnol et en arabe dans la ruelle, dans le parc, dans la cour d’école. Je ne dirais pas qu’il était contre. Mais il était déboussolé, perdu. Ses repères, aussi limités soient-ils, fichaient le camp, se déplaçaient, se modifiaient à la vitesse grand V et lui peinait à suivre. C’était dans les années 90, à Montréal, la ville la plus diversifiée du Québec.

      1. jeanfrancoiscouture dit :

        @Emma: Merci pour cet extrait d’une vie à l’est du «centre-sud» de Montréal.
        Je n’ai pas de difficulté à croire que des gens aient eu le genre de vie que vous décrivez; c’est un peu comme dans «L’eau chaude, l’eau frette» de Forcier (1975) ou encore «O.K. Laliberté» de Marcel Carrière (1973). Pas étonnant que des gens issus de cette époque aient été heurtés d’une part par les changements et d’autre part par l’avalanche de jugements de valeur qui leur sont tombés dessus venant de ceux qui «savent tout».
        Mais chaque époque n’a-t-elle pas des acteurs comparables à ceux que vous évoquez? C’est juste qu’aujourd’hui, nous voguons dans l’instantanéité, tant pour les félicitations

      2. jeanfrancoiscouture dit :

        zut! Mauvaise touche. Je termine: ….tant pour les félicitations que pour les reproches.

    3. Je dois vous avouer que votre requête m’a surpris et à soulevé chez-moi un certain malaise. J’espère que Patrick Bissonnette n’est sur cette enquête avec vous (je blague moi aussi) J’ai 49 ans. Je suis déménagé sur le plateau à 21 ans. Ça donne 28 ans. Est-ce que j’ai mangé mon premier Shish-Taouk en 1993? Je ne suis pas certain. Mais c’est dans ce coin-là. Ma copine je l’ai rencontré l’année du référendum, donc 1995.

      Jusqu’à cette date, la très grande majorité des gens dans ma vie sont blancs et francophones. Entre 1995 et 2000, ce sont mes premiers contacts avec des gens d’autres cultures. Je sais que j’adorais les sandwichs Shish-Taouk avec des patates à l’ail rendu là (et ceux de Sarah sont encore parmi les meilleurs à Montréal). Ma vie avant 1993-95: Laval, Sherbrooke, Ottawa, Beloeil et Thétrauville (Montréal-Est). Une vie blanche, québécoise et francophone à 99.9%.

      Suite à ça j’ai rencontré des gens de diverses cultures au compte-goutes. La ville était peut-être diversifiée, mais mon entourage était majoritairement blanc, québécois et francophone. Et la vie de ceux qui m’entouraient était la même. Il y avait une cousine avec un chum d’une communauté différente. Pis c’est ça. Il y en avait une, pour toute la famille.

      La ville était diversifiée, mais nous on ne connaissait pas cette pluralité des origines qui résidait maintenant autour de nous. À part les restos bien sûr, c’est Montréal quand même. Ça, on connaissait les restos libanais, vietnamien, etc. Mais est-ce que j’en savais plus au sujet de ces cultures et est-ce que des membres de ces communautés étaient membre de mon entourage immédiat? Exposé ainsi les détails de ma vie pour satisfaire votre curiosité est un acte qui me dérange, mais que je juge nécessaire pour éviter que le doute plane sur la validité de mon texte.

      Mais bon, peut-être étais-je dans l’erreur toutes ces années? Ma famille, mes amis et connaissances formaient une de ces “poches” qui ne semble pas réaliser qu’ils vivent hors de leur communauté élargie? Peut-être… mais ça m’étonnerait. Je m’arrête ici. Mais merci d’avoir demandé que j’accomplisse cet exercice qui vient valider que je ne m’étais pas trompé sur la chronologie décrite dans mon texte, même s’il s’agissait d’une demande déconcertante.

      Bonne journée.

      1. Emma dit :

        @Patrick Lortie

        « Je viens d’un milieu très blanc/québécois/francophone. De ma naissance jusqu’à la mi-vingtaine la plus grande exposition à des cultures différentes de la mienne c’était les sandwichs shish taouk de chez Sarah au coin de Saint-Laurent et Mont-Royal. Jusqu’au début des années 2000, pour moi, «l’autre» ou «l’étranger» c’était un anglophone blanc. »

        Je ne veux en aucun cas répondre à la place de jeanfrancoiscouture, mais il est possible qu’il ait déduit la même chose que moi à la lecture de ce paragraphe, soit que vous aviez passé votre enfance et votre jeunesse sur Le Plateau, ce qui rendait inhabituel ou inusité le fait de n’avoir rencontré que des francophones ou anglophones blancs.

        Et il n’y a aucune gêne à y avoir. C’est normal de ne pas connaître ce que l’on ignore. C’est ignorer ce que l’on connaît qui est impardonnable à mon sens. Et ce n’est visiblement pas votre cas. Vous êtes un très bel exemple d’ouverture, d’accueil, de tolérance.

      2. jeanfrancoiscouture dit :

        @Patrick Lortie: Merci d’avoir pris le temps de m’éclairer. Je vous rassure tout de suite: Il n’a jamais été question pour moi d’émettre quelque doute que ce soit sur la «validité de votre texte» dont j’ai d’ailleurs loué l’ouverture et la qualité.
        L’erreur que j’ai peut-être commise a été de juxtaposer nos expériences respectives et réfléchir à partir de la mienne seulement laquelle est forcément différente puisque je suis passablement plus âgé que vous, presque 25 ans en fait. Au début des années 1990, j’étais déjà engagé avec des personnes que, nouveau vocabulaire obligeant, l’on qualifie aujourd’hui de «racisées» qui œuvraient dans des organisations favorisant l’accès des minorités dites «visibles» à l’éducation supérieure. Probablement influencé par cela et quelques autres pans de ma vie, je me demandais comment Montréal pouvait être à la fois si diverse pour moi et jusqu’à un certain point monoculturelle pour d’autres.

        Et non, à mon avis vous n’étiez pas «dans l’erreur toutes ces années». Vous viviez juste votre propre vie dont vous nous avez fait part avec verve et brio. J’ajoute que vous n’étiez pas non plus un «inculte». Vous l’avez amplement prouvé en publiant votre texte.

      3. @jeanfrancoiscouture

        Merci de la clarification. Et bien que je ne pensais pas que votre intention était de me froisser ou de m’embarrasser, d’avoir à donner de plus amples informations et pour ce qui me paraissait comme une demande de me justifier. C’est ce que j’aime de l’environnement du blogue de M. Hétu. Tout ce fait dans le respect.

        Je vous ai répondu que votre demande “d’éclairer votre lanterne” fut déconcertante. Elle l’était. Mais j’avoue que je suis un grand sensible et je conclus maintenant qu’il ne s’agissait que d’un constat de votre part et que vous demandiez ma collaboration pour mettre en lumière un point du texte qui était toujours dans l’obscurité et qui nécessitait des clarifications. Le simple fait qu’Emma et vous ayez perçu la même chose en est la preuve.

        Je m’excuse, si a mon tour, je vous aurais offusqué de quelque façon que ce soit par l’expression franche de mes sentiments. Je suis content que l’on ait mis au clair un aspect de mon texte qui nécessitait une précision, et ce, aux bénéfices de tous.

        Au plaisir de commenter, échanger ou collaborer à nouveau dans le futur.

      4. jeanfrancoiscouture dit :

        @Patrick Lortie,16:22: Nul besoin d’excuses car il n’y a pas eu offense. Et comme vous dites si bien: «Au plaisir de commenter, échanger ou collaborer à nouveau dans le futur.» 🙂

  12. gl000001 dit :

    Patrick
    Je partage votre inquiétude quant à la polarisation des idées. Je le vois au bureau. Lorsque des choix se présentent, on analyse moins. Il faut faire vite. On décide en fonction des modes, des tendances sans trop voir si ça fitte avec ce qu’on veut faire. Il faut terminer avant que la prochaine mode arrive. Et surtout, on ne mesure plus l’efficacité de ce qu’on fait. On mesure la vitesse à laquelle on le fait.
    C’est parce que les décideurs ne sont plus les experts. On a des boss professionnels, interchangeables. Qui ne voient pas les subtilités de ce qu’on a besoin pour travailler.

    C’est la maladie qui ronge la politique qui s’infiltre dans nos business. Les décideurs politiques gouvernent en fonction de leurs idéologies. Pas de ce qui est bon pour ceux qu’ils représentent. Il faut qu’ils fassent vite, ils ont juste 4 ans (ou même 2 aussi USA à cause des primaires).

    1. kelvinator dit :

      On accuse sans prendre la peine de vérifier la validité des arguments parce qu’on s’est déjà convaincu que la personne est mauvaise, donc ses arguments ne peuvent qu’être faux.

  13. Beau témoignage qui nous rappelle que le respect, la tolérance, l’ouverture d’esprit, l’acceptation des autres et de leurs différences sont les meilleures remèdes pour combattre l’ignorance.

    Merci à vous M. Lortie et bonne continuité.

  14. lechatderuelle dit :

    texte sans compromis qui nous ramène tous dans notre univers aseptisé de ce Québec qu’on disait « ouvert » … et qui l’était, malgré tout , si on avait voyagé un peu et comparé….et qui parvenait à être opaque si on le voulait….
    le stérotype des régions est né de ça….
    J’ai pourtant vu moins de racisme systémique en région qu’en « ville »… en fait, non.. Le même mais terriblement démontré et donc facilement identifié… et tellement désactivé… avec détermination!….

    on a tous eu notre Rencontre du 3 me type…

    Aujourd’hui c’est devenu ou ça devient impossible… le plus farfelu est que cette indignation est teintée d’une ignorance galvanisée et métamorphosée par une assimilation poussive et expéditive…

    Nous étions cons à cette époque, mais nous n’étions pas fermés dans les préjugés… on était crédule.. curieux de notre ignorance…. en 2021, trop sont satisfaits de leur certitude….
    tout se tranche en 2….
    sans nuance…

    Les préjugés étaient puissants… sans ombrages… mais l’ouverture existait…

    On détestait par héritage…. des bagarres parce que… y’en a eu… dans nos rangs, à cause des numéros de rues, mais une solidarité soudaine pour une langue… Combattre avec les Rufiange, ennemis suprêmes sans savoir pourquoi de la 8 eme avenue, parce que les Smith, les McIntyre, un soir, dans un parc…
    Tout était en mouvance…

    en 2021, la dynamique est autre… bien que…

    les « participants » de 2021 qui ont 20-25 ans ne voient pas la même énergie, la même urgence…mais vivent les mêmes énergies parce qu’on n’a pas su en faire autre chose…
    le sauront -ils?

    à eux de jouer…

    Nous demeurons fermés et fragiles en groupe et ouverts individuel.. le paradoxe Québécois…
    incapable de se définir…
    peureux dans sa certitude mais réceptif dans son questionnement, même trop conciliant par perte de fierté….

    1. kelvinator dit :

      Un des problèmes dans ce débat est la sémantique, ou l’on inverse les termes comme racisme, discrimination et xénophobie, que l’on met tous dans la case de « racisme », alors que ce sont des concepts bien différents et nuancés.

  15. LouD dit :

    Magnifique texte, monsieur Patrick !
    Votre humilité, votre sens du compromis, votre désir de compréhension des autres me vont droit au coeur !
    Vous êtes un Humain avec un grand H.
    On a besoin de plus de gars comme vous.
    Ne changez pas,
    LouD

  16. Toile dit :

    Montréalais de naissance, on ne peut plus francophone, j’ai toutefois grandi dans les quartiers anglophones pour ne pas dire d’allégeance juive: cote des neiges, Snodown, NDG, ville Mont Royal et st Laurent ainsi que DDO. J’ai rompu de façon nette ces liens. Dans ma couronne, l’anglais est fort peu présent, les ethnies nettement moins présentes quoique en montée.

    C’etait l’époque du Eaton «  speak white » en voie d’effritement. J’ai toujours eu beaucoup de difficultés à comprendre comment étaient étanches la pratique de ne jamais franchir la rue St Laurent. Les francophones allaient chez Dupuis frères, les autres chez Eaton, Morgan, Simpson et pour les plus fortunés Ogilvy. C’était l’époque aussi du 1 er référendum. Les têtes de turc qu’il y avait dans l’autobus no 47 au lendemain et de l’esprit de panique chez les anglos avec le départ de la Brinks.

    Mais j’ai grandi avec toutes ces cultures et une grand maman globe trotteuse qui m’envoyait par la poste colis de vêtements de partout et des cartes postales. Depuis, c’est moi le globe trotteur de la famille et à peu près toujours dans des destinations hors sentiers battus, du moins tant que ma santé le permettra.

    Alors je comprends la richesse que nous apporte le fait de côtoyer d’autres cultures ici comme ailleurs. Ca nous rend moins inculte et moi ignare, plus humble, plus humain, plus tolérant. Une nourriture pour l’âme, une denrée qui semble bien perdre quelques atours. Il y a des intolérances grandissantes qui vous creusent des fossés qui deviendront peut être des fosses.

    Merci de votre beau témoignage. Votre tâche parentale de faire de vos 2 filles des adultes responsables semblent atteinte. Soyez en fiers.

  17. Lucie dit :

    Merci M. Lortie pour ce beau témoignage, dommage qu’il n’y ait pas plus de gens pour écrire ces vérités

  18. Alexander dit :

    La polarisation.

    Le manque de nuances.

    Le bien et le mal.

    Le blanc et le noir.

    Le Dieu et le Démon.

    CNN et Fox News.

    Biden et Trump.

    Démocrates et républicains.

    Tout un monde hyper complexe réduit à une lecture binaire du monde.

    Simplifier pour mieux contrôler.

    On vit dans une société qui est chamboulée et on remarque que les complotistes et populistes de ce monde ne sont pas dans la nuance. Ils recherchent des solutions simplistes à des problèmes complexes.

    L’ouverture d’esprit n’a plus sa place. On ne te demande plus de juger et de raisonner. On te demande de croire sans comprendre. De faire confiance aveuglément.

    Pour des esprits faibles et paresseux, ça calme les peurs et te donne une raison facile de vivre sans trop comprendre.

    Tout est dans la nuance et le raisonnement.

    Rien de binaire, rien de polarisant.

    L’univers est justement dans l’équilibre des pôles.

    Rien n’est blanc, rien n’est noir,

    Plutôt quelque chose entre les deux qui te demande de raisonner et de l’ouverture d’esprit, plutôt que la fermeture.

  19. @Patrick Lortie

    Bravo pour votre texte. Clair, net et extrêmement bien structuré (seriez-vous un rédacteur de discours politiques ou scripteur pour humoristes? Sinon, foncez. Vous avez un avenir comme scripteur!

    Ce que je retiens de votre texte, c’est que la dépolarisation (ou la prévention de la polarisation / radicalisation / fanatisme) passe par l’ouverture à l’AUTRE.
    – Ouverture à l’autre personne.
    – Ouverture à l’autre opinion, même l’opinion à diamétralement opposée.
    – Ouverture à d’autres sources de connaissances.

    Je ne ferai pas le procès des réseaux « polarisés » (vous parlez de CNN versus Fox News), ni des réseaux sociaux, ni des GAFAM. Tous peuvent être d’une très grande utilité comme source d’information, sans mentionner leur côté divertissant. Mais il faut avouer que toutes ces plateformes fonctionnent avec des algorithmes semblables qui favorisent l’isolement et la ghettoïsation.

    Si je fais quelques recherches sur YouTube à propos des extraterrestres, je vous garantie que vous allez en voir des suggestions de vidéos sur les extraterrestres.
    Si on fait des recherches sur des dangers potentiels ou des effets secondaires possibles des vaccins, on est vite emmurés dans une mer d’informations (certaines vrais, plusieurs fausses et d’autres souvent même dangereuses) qui nous portent à croire que ces informations représentent la TOTALITÉ des informations disponibles sur un sujet.

    La radicalisation et la polarisation ont comme origine cette fâcheuse habitude de n’être toujours exposés qu’au même côté de la médaille.

    On voit déjà un début de prise de conscience des réseaux sociaux (expulsion de Trump de Twitter; Fermeture des comptes Facebook des Proud Boys, etc.) mais il faut aller plus loin. C’est à chacun des gouvernements d’exiger des GAFAM de modifier leurs algorithmes pour y inclure des algorithmes de détection de radicalisation et des algorithmes de déprogrammation des endoctrinés (complotistes). Sinon, vous êtes bloqué sur le territoire.

  20. Ziggy9361 dit :

    Aujourd’hui dans la presse j’ai retenu un passage de l’entrevue avec Farah Alibay cette jeune Québécoise qui est responsable de contrôler l’astromobile sur la planète Mars pour le compte de la NASA.

    « Quand je travaillais sur InSight, il y avait un instrument français : parler français m’a beaucoup aidée, même si les Français riaient un peu de mon accent québécois. Le fait de connaître plusieurs cultures m’a amenée à privilégier la diversité, l’inclusion ; je fais partie de comités sur ces questions à la NASA  »

    Voilà une belle exemple où peut mener la diversité et elle semble naturelle chez cette jeune femme une exemple qui devrait parlé beaucoup auxi jeuneso filles et jeunes hommes.

  21. Charlot dit :

    Merci! Je me permets de copier ce texte, afin de le lire et le relire. Dans des mots simples, accessibles, une grande humanité. On en prendrait encore!

  22. Stellaire11 dit :

    Que de belles réflexions, votre superbe lettre sur votre parcours de vie, M.L’ortie, a suscité!

    Merci en particulier à MarcoUBCQ, Jean-François Couture, Toile et Alexander pour leur contribution à cette réflexion collective.

    Venant d’une petite ville industrielle, où les deux tiers des habitants étaient de provenance diverse, sur le bord de la frontière allemande, l’ouverture à la différences et aux autres cultures s’est fait naturellement, dans une joyeuse cacophonie culturelle.

    Je me suis rapidement rendue compte que des imbéciles et des intelligents sont distribués également, quelque soit la culture. Et que la valeur d’une personne se juge par ses actions.

    Je garde un souvenir ému de l’accueillante mama italienne, du philosophe jardinier polonais ou des discussions sans fin de mon ami marocain de ma jeunesse. Ils m’ont permis de devenir citoyenne du monde très tôt.

    1. chanounou dit :

      @stellaire 11,
      Auriez vous vécu à Villerupt, Forbach ou Freyming-Merlebach? A moins que ce ne fut à Petite Rosselle ou encore Grosbliederstroff?? 😉🖐😉🖐😉🖐😉😉
      Quand on pense que Villerupt accueille un Festival du cinema italien tous les ans mais cela aurait pu etre un festival polonais quand on regarde l’annuaire telephonique de ces villages frontaliers….
      Une Nanceienne de 1992 à 2018…. qui faisait toutes ses courses à Saarebruck

      1. Stellaire11 dit :

        Pas loin, mais de la ville minière de Creutzwald. Le contexte migratoire est le même! J’ai aussi étudié à Nancy ! Pour ensuite me retrouver au Québec par hasard ou chance 😁

      2. monsieur8 dit :

        @Chanounou : c’est proche du coin des «anges» ça : Hagondange, Marange Silvange, Talange, Florange, Mondelange, Uckange, Clouange, etc.

        Ah ah ah, Grosbliederstroff, c’est le nom qu’on sortait pour épater les gens du sud!

        Souvenirs…

      3. chanounou dit :

        @stellaire 11,
        J’ai eu a Nancy un collègue prof de maths ( aujourd’hui pas loin de 75 ans…) qui enseignait ausssi les maths en allemand dans notre section ABIBAC qui était originaire de Creutzwald et était fils d’un mineur polonais et d’une maman slovène…. Autrement dit, un bel exemple de diversité et quelqu’un qui n’avait pas oublié de monter dans l’ascenseur social….

      4. chanounou dit :

        @Monsieur 8,
        Les Alsaciens avec Souffelweyersheim et Voegtlinshofen font encore mieux que les Lorrains, pour faire trébucher les  » ceusses du Sud » 😂😉!

  23. stemplar dit :

    M. Lortie, merci d’avoir partagé.

  24. claude400 dit :

    Désolé de briser cette belle vision multiculturelle, mais j’ai vécu 25 ans dans le West-Island et l’ouverture envers les francophones y était rare chez ceux qui avaient décidé que l’anglais devait être la langue d’usage. Ce que j’ai pu constater c’est une bonne partie d’immigrés ou d’enfants d’immigrés qui choisissait l’anglais comme langue de vie et avait peu de respect pour l’aspect francophone et ne daignait même pas apprendre le français et souvent démontrait du mépris si je les confrontais le moindrement sur cet état de fait. Le cas du Québec et surtout de la région montréalaise est bien différent de celui du reste du Canada et des États-Unis. Les immigrants à Toronto, New-York ou Kalamazoo doivent apprendre l’anglais et l’utiliser pour la vie commune. Ce n’est pas le cas dans la région montréalaise qui s’anglicise à une vitesse effarante. Le respect est une voie à deux sens, et l’évolution linguistique dans la région montréalaise montre clairement que bien des immigrants se fout du français et de ceux qui en font la base de la culture québécoise, et ce n’est pas une question de race ou d’origine ethnique. C’est une question d’identité culturelle. Peut être Québécois qui veut adopter cette culture, malheureusement, la culture anglophone, américaine, a plus d’attraction.

  25. chanounou dit :

    @Patrick Lotie,
    J’ai déjà écrit dans le premier billet où votre témoignage est apparu combien j’en appréciais la sincérité et l’humilité et je partage la réponse d’un contributeur vous disant qu’il ne se faisait pas de souci pour vos filles , puisque vous leur aviez donné tout en mains pour etre des adultes ouvertes aumonde, responsables, bref de » belles persones »…
    @Claude 400,
    Vous avez raison, nous ne pouvons pas être  » angéliques en ce qui concerne la vision multiculturelle. Il nous faut être conscients que ce sera long, qu’il nous faudra toujours être vigilants et que, tout comme la démocratie, ce sont des valeurs fragiles qu’il faut protéger en ne tolérant jamais qu’elles soient attaquées par qui que ce soit et certainement pas pas quiconque se prenant pour un Chef d’État.
    Ce sont des politiques de petits pas mais dont la progression est inéluctable. Bien sûr les reseaux sociaux et INTERNET peuvent être le pire mais aussi le meilleur….en ce qui concerne l’échange et l’ouverture. Rien ne peut arrêter la course de ce char là, la meilleure preuve en est que la première chose chose ose que fait une dictature est de limiter ou de couper l’acces aux reseaux sociaux et a Internet…. C’est bien que ces derniers représentent un danger!
    Quant a l’americanisation forcenée par la langue, Vous avez raison, il nous faut y résister en maintenant couté que coûte la pratique d’autres langues , à commencer par le français au Québec. Nos « amirequins » comme le disait un contributeur , se tailleront toujours bien assez une part du lion non négligeable…

  26. Merci beaucoup tout le monde. J’apprécie le temps que tous ont pris commenter et contribuer.

    Bon samedi!

  27. lanaudoise dit :

    Je pense que j’ai été choyée par la vie. Ma première amie, dans ma campagne profonde était ukrainienne. (la société québécoise fermée sur elle-même est un mythe).

    J’ai toujours eu des amis qui ne pensaient pas comme moi. J’ai développé depuis dix ans une amitié avec un correspondant américain qui a eu le défaut de voter pour Trump et qui a des amis qui croient au Complot. Ce qui me fait rendre compte que mes propres parents, pourtant intelligents étaient complotistes dans un temps bien avant internet: les chemtrails ne datent pas d’hier, non plus que cette histoire de débarquement sur la lune filmé dans un studio.

    Il faut garder les canaux ouverts. Cultiver la curiosité et la bienveillance.

  28. Robert Giroux dit :

    Et si la montagne ne va pas à toi …
    « Le voyage est fatal aux préjugés, au sectarisme et à l’étroitesse d’esprit,
    et beaucoup de nos concitoyens en ont cruellement besoin.
    Une vision large, saine et charitable des hommes et des choses
    ne peut être acquise en végétant dans un petit coin de la terre toute sa vie ».
    (Mark Twain)

  29. jeanfrancoiscouture dit :

    @ Stellaire11 et chanounou: Ah, l’Alsace! Il fait bon vous lire en évoquant vos lieux préférés.
    Un autre coin de France où ma blonde et moi avons passé du bon temps, bu du bon vin et dégusté Baeckeoffe, Flammekueche, Choucroute et Kougelhopf. Merci du rappel. Si cette pandémie peut finir par finir……..!

    1. stellaire11 dit :

      On se souhaite de pouvoir retourner en Europe bientôt 💙

Répondre à jeanfrancoiscoutureAnnuler la réponse.

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