Le blogue de Richard Hétu

À partir du 31 décembre, quelque 23 millions d’Américains perdront leurs allocations chômage si Donald Trump ne promulgue pas le plan de soutien à l’économie de 900 milliards de dollars. Selon une étude, près de 5 millions tomberont dès lors sous le seuil officiel de la pauvreté. Réjouissant à la veille de Noël, n’est-ce pas? Cela s’ajoute à d’autres conséquences néfastes d’un tel refus, dont la levée du moratoire sur les évictions et la paralysie du gouvernement fédéral à minuit le 29 décembre (le plan de soutien est greffé à une loi de finances).

Mais pourquoi le président des États-Unis voudraient-ils infliger pareil sort à ses compatriotes les plus vulnérables avant de quitter la Maison-Blanche? Il a évoqué son désir de voir augmenter le montant des chèques envoyés aux Américains dans le cadre du plan d’aide à l’économie (de 600$ et à 2 000$) et de voir éliminer des aides internationales qu’il a lui-même proposées dans son propre budget. Mais ces changements cachent son véritable motif : se venger des parlementaires républicains qui ont reconnu l’élection de Joe Biden dans la foulée du vote des grands électeurs.

Mitch McConnell figure au premier rang de ces républicains, suivi de son lieutenant, le sénateur du Dakota du Sud John Thune. Celui-ci a déclaré plus tôt cette semaine que les manoeuvres envisagées par des représentants républicains de la Chambre des représentants pour s’objecter le 6 janvier à la certification de grands électeurs par le Congrès étaient voués à l’échec.

Mais cette revanche ne cause pas seulement des ennuis à McConnell et à Thune. Elle complique la vie à tous les sénateurs et représentants républicains qui ont voté pour ce plan qualifié de «honte» par Donald Trump – après avoir reçu l’assurance que ce dernier le promulguerait. Elle complique aussi la campagne des candidats républicains aux élections sénatoriales de Géorgie, qui s’étaient félicités de leur vote pour ce même plan.

Il n’est pas impossible que le plan soit mort et enterré le 5 janvier, jour du scrutin.

À noter que les démocrates de la Chambre des représentants demanderont ce jeudi un appui unanime à un amendement au plan de soutien faisant passer le montant des chèques de 600$ à 2 000$. Il suffira de l’opposition d’un seul républicain pour faire échec à cet amendement. La question est de savoir quel sera le républicain qui voudra s’opposer à la demande de Donald Trump. Dans l’éventualité d’un échec, les démocrates tiendront un autre vote en séance plénière sur le même amendement lundi. L’amendement, faut-il préciser, n’a aucune chance d’être adopté par le Sénat.

Il va sans dire que la revanche de Trump est porteuse de confusion et de chaos, à l’image de sa présidence. Et l’on ne parle même pas des grâces présidentielles…

(Photos Getty Images)