Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Nous poursuivons la série de témoignages sur l’Amérique que nous aimons qui accompagne la troisième et dernière campagne de financement de ce blogue en 2020. Voici le témoignage de J. G., alias Jaylowblow, qui vit à Bryan, en plein coeur du Texas, et travaille à l’Université Texas A&M, située dans la ville voisine de College Station :

«Je suis arrivé dans une petite ville texane en octobre 2014 avec seulement une valise et un portable pour commencer un contrat d’un an, potentiellement renouvelable une autre année. Six ans plus tard, j’y suis toujours, j’ai un poste permanent, je me suis marié et je suis devenu le père de deux magnifiques enfants. Je garderai à jamais dans ma mémoire l’image de cette charmante italienne, une nouvelle collègue que mon nouveau patron avait envoyée pour me prendre à l’aéroport et qui tenait une feuille de papier avec nom nom écrit dessus à ma descente de l’avion. Celle-là même qui allait devenir ma femme trois ans plus tard. Le coup de foudre probablement. Est-ça le rêve américain?

Une semaine après mon arrivée, j’ai dû me rendre au bureau de la sécurité sociale pour obtenir le fameux numéro à neuf chiffres. Alors que j’attendais patiemment d’être appelé, un gardien de sécurité répétait à toutes les dix minutes que les armes à feu étaient prohibées dans ce bâtiment et que si quelqu’un en avait une sur lui il devait aller la ranger dans son véhicule. Si j’avais encore un petit doute d’avoir atterri dans le mauvais pays, il s’est dissipé très rapidement ce jour-là : j’étais forcément au bon endroit. Paradoxalement, et malgré le fait que je vive dans un des États les plus conservateurs, je n’y ai jamais vu une seule arme, que ce soit en public ou en privé (à part sur les policiers bien-sûr). Mais c’est tout de même quelque chose qui me préoccupe car même si on ne les voit pas, on sait qu’elles sont là, prêtes à faire ce pour quoi elles ont été conçues.

Mais on ne pense pas tellement à ça car une chose pour laquelle mes précédents voyages dans ce pays ne m’avaient pas préparé et qui m’a rapidement époustouflé durant les semaines, mois et années qui ont suivi mon arrivée ici, c’est la gentillesse des gens. On entend souvent parler de l’arrogance des Américains lorsqu’ils voyagent à l’étranger mais lorsqu’on les côtoie au jour le jour dans leur propre pays on se rend compte à quel point ce sont des gens serviables et sympathiques

La propriétaire du premier appartement que j’ai loué ici, une Texane typique, conservatrice et croyante pratiquante jusque dans l’âme, le genre de cliché qu’on voit dans les films, a été comme une mère adoptive pour moi durant les premiers mois. Quand j’ai aménagé avec femme dans notre première maison, les voisins sont venus à notre rencontre et nous ont donné leur numéro de téléphone au cas où nous aurions besoin d’aide. Des voisines sont venues cogner à notre porte pour offrir des cadeaux aux enfants la veille de Noël. Les passants vous disent «Hi, how is it going?» quand ils vous croisent dans la rue et je n’arrive toujours pas à y croire quand les gens m’envoient la main de leur voiture alors que je marche sur le trottoir.

Je sais que je vis dans un endroit où bien des gens sont politiquement à l’opposé de ce que je suis et quand je vois des affiches Trump-Pence sur les terrains de mon quartier, la rage me monte à la gorge, mais quand je parle à ces gens et que je ressens leur gentillesse je suis incapable de ne pas les aimer. En espérant que ces temps sombres s’estompent rapidement afin que je puisse à nouveau aimer mon pays d’accueil autant que je l’aimais avant novembre 2016.»

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(Photo Denton Record-Chronicle)

21 réflexions sur “L’Amérique que nous aimons (4)

  1. Michèle dit :

    Très beau partage, Jaylowblow. Merci!

  2. Haïku dit :

    Excellent témoignage de Jaylowblow !
    Chapeau ! 👏👏👏

  3. Très beau témoignage sur un pays que nous aimons malgré tous ses travers et le fait qu’il nous fait parfois rager.

    Merci à « Jaylowblow » pour l’avoir partagé avec nous tous.

  4. Mouski dit :

    Magnifique Jaylowblow, merci d’avoir partagé.

  5. Denis Bergeron dit :

    Très beau témoignage.

    J’ai habité quelques temps aux USA à plusieurs reprises, et je ne peux pas dire la même chose.

    Dans les états du Sud Est de la Virginie à la Géorgie, des fusils à la ceinture et en bandoulière, j’en ai vu plus souvent que j’aurai voulu.

    Mais, a part les quelques fėlés comme ont en trouve partout, il y a effectivement des gens très sympathiques.

    Et comme mon travail m’amène aussi à voyager en Europe et dans le ROC, ce que j’apprécie beaucoup des USA elle, c’est sans doute l’endroit le plus sympathique envers les francophones. Je n’ai jamais rencontre un aussi grand pourcentage de.personnes parlant français dans un pays non-francophones.

    1. Pierre Kintouai dit :

      Jusqu’à récemment, je crois que le français était la deuxième langue après l’espagnol la plus populaire dans les écoles américaines.

      Je me souviens de ce Noir qui, au musée de Hartford (Hartford Atheneum), nous avait demandé d’où nous venions et qui, ayant appris que nous étions Québécois, nous avait sorti les quelques phrases en français qu’il avait retenues de ses études secondaires.

  6. Pierre Kintouai dit :

    Excellent témoignage. On a cependant un peu l’impression que vous vivez dans un autre pays.

    Pour remettre les pendules à l’heure, voici un reportage du JT de France 2 sur les ravages causés par les salopards du complexe pharmaco-industriel amaricain sur la population de leur pays (population qui continuera sans doute de voter pour le Gros Taré, car elle n’est pas assez intelligente pour faire le rapprochement entre le parti des Ripoux — voire des démocrates — et les lobbies qui ne veulent que s’en mettre plein les poches, au détriment de la santé physique et mentale des Amaricains moyens):

    https://www.francetvinfo.fr/societe/drogue/etats-unis-le-fleau-des-opioides-qui-gangrene-le-pays_4152293.html

    Je suppose que la publication de mon commentaire sera retardée jusqu’au prochain billet pour ne pas faire ombrage au jovialisme de l’histoire racontée plus haut.

    Moi aussi, j’ai rencontré des gens bien au shithole USA, notamment cette femme de 75 ans qui devait travailler dans un restaurant de Floride pour arriver à joindre les deux bouts et qui nous avait accueillis, ma femme et moi, avec un sourire sincère : « Hi ! My name is Pam ! How are you today ? » Je lui avais donné 50% de pourboire tant j’avais été ému par sa capacité à cacher la difficulté de sa situation sous une aménité qui n’avait rien de faux !

  7. Warren dit :

    Je viens de liquider mon condo à Palm beach après avoir vécu les dernières années le contraire de JAYLOW et m être fait dire par un Trumpien Go backdoor home. Probablement j étais au mauvais endroit au mauvais moment Malheuresement trop d américains ( les vieux surtout) sont maintenant gangrenés par l argent et le matérialisme. Heureusement la jeunesse voit plus clair j ai hâte de pouvoir ressentir à nouveau la générosité de ce peuple. Félicitations pour un blog empathique et to the point
    Jean pierre warren

  8. Ziggy9361 dit :

    Oui très beau témoignage que nous pouvons prendre connaissance grâce à votre désir qu’il soit publier,mais le principale votre aventure au Étatsunis en a décidé de votre avenir et au travers de vos yeux de québécois vous nous faîtes découvrir la vraie nature de vos nouveaux concitoyens, la même chose s’est probablement produit pour un autre québécois cette fois ci àNewYork.
    Je crois bien que vous avez réussi votre rêve américain surtout parce que vous y avez trouvé l’amour et fonder une famille et découvert des voisins somme toute gentils.

  9. HS

    Bunker Boy a servi à Biden un angle d’attaque et des munitions au regard de la survie ou non de l’Obamacare.

    https://www.cnn.com/2020/10/22/politics/trump-biden-final-debate-2020/index.html

    Les masques tombent. L’Enfoiré-En-Chef ne peut plus nier la réalité, et ce, grâce à la diffusion de l’entrevue donné à « 60 minutes » et que cet idiot a mis en ligne à la veille de son débat avec JB

    Ses conseilers doivent être au désespoir devant autant de stupidité..

  10. Les sondages internes des Républicains sont encore plus mauvais que ceux des grandes firmes de sondages.

    On comprend mieux les sautes d’humeur de Bunker Boy.

    https://www.cnn.com/2020/10/22/politics/republican-internal-polling-analysis/index.html

  11. Gina dit :

    @jaylowblow
    Oui , vous avez raison , ils sont gentils , mais je ne vais pas souvent , difficile pour moi de me faire une idée . Mais je me souviens il y quelques années j’ai été aux funérailles d’un cousin à Boston et j’ai été surprise de voir une des voisines arriver avec un plateau et un panier remplis de biscuits , gâteau et muffins pour donner à la famille ; et plus c’était fait maison . C’était agréable de voir celà .

  12. chicpourtout dit :

    Splendide! @Jaylowblow
    Ce fut un plaisir de vous lire. Votre texte a cette teinte bien positive que j’apprécie. Il y a des gens gentils et agréables partout où l’on voyage, il s’agit simplement d’être ouvert, à l’écoute de ce qu’ils nous expriment et respectueux de leur réalité. A eux seuls ces ingrédients font toute la différence.
    Comme on le dit si bien « la simplicité a bien meilleur goût » et dans nos relations interpersonnelles on en voit rapidement les résultats!
    Merçi à vous.

  13. ProMap dit :

    D’emblée, dès lundi, j’ai aimé, embrassé ce thème mis de l’avant par notre hôte. Les commentaires des participants au fil des ans me disaient que « certains » avaient une expérience de vie autrement plus profonde que mes voyages sur la côte est des USA, bien que multiples. En lisant les commentaires tout au long long de la semaine, je me suis rendu compte que le mot « certains » était inexact. Il aurait fallu que j’y vois plutôt « plusieurs, beaucoup, une part importante de commentateurs ». Je suis étonné, le mot est faible. Cet étonnement rend à rebours comme en l’avenir, vos commentaires d’une pertinence dont je dois dorénavant me soucier. Je ne veux pas pointer tel ou tel participante ou participant, il y a en trop, j’en oublierais, me connaissant.

    Ce blogue est riche d’enseignement. Cette semaine vient de le prouver.

  14. Toile dit :

    A l’individuel, on peut trouver du charmant, du sympathique, de l’altruisme, du généreux, du ultra pratiquant religieux et du fêlé. C’est au collectif que ça se gâte, du moins pour moi.

    Bonne soirée pour ceux qui suivront le débat.

  15. quinlope dit :

    Très beau texte de Jaylowblow. Les U.S.A. c’est un pays de contraste. On y compte encore les cennes noires et les piastres en papier alors qu’à Wall Street et dans la Silicon Valley on compte les milliards.
    L’argent, les armes et la religion y ont une part prépondérante et la Constitution qui a mal vieilli rend difficile l’exercice d’un pouvoir politique efficient.
    En résumé il y a de tout pour tous mais l’individualisme poussé à l’outrance rend toute forme d’aide sociale négligeable.

  16. Pascale Vaillancourt dit :

    Je partage tout à fait l’opinion de ce monsieur. Il faut connaître les américains personnellement pour les apprécier.

  17. jeanfrancoiscouture dit :

    @J. G., alias Jaylowblow: Beau témoignage qui s’accorde bien avec cette citation que l’on attribue à Voltaire: «J’ai décidé d’être heureux parce-que le bonheur c’est bon pour la santé». Il y en a aussi qui se demandent où il est le bonheur alors qu’il est juste là où on se trouve. Comme Christophe Maé.

  18. maxwell70 dit :

    Très beau et véridique témoignage. J’habite moi-même au Texas, à San Antonio, et les gens y sont très gentils. San Antonio est un parfait exemple du mélange des cultures entre le Mexique et les USA. De la très bonne cuisine Tex-mex et de grandes fêtes tel la « Fiesta »: 10 jours de partys en mémoire des combattants de la bataille de Fort Alamo qui culmine avec la parade de « Battle of Flowers ». On ferme même les écoles ce jour-là pour que tout le monde soit de la fête! Les gens ici sont très fiers de leur culture et de leur histoire, quel soit mexicaine ou américaine et les deux cohabitent très bien. Bien difficile de ne pas pensé au pan de l’histoire du Texas qu’y c’est passé ici lorsque tu arpentes les rues du centre-ville de nom des Houston, Travis, Crockett et Bowie! Les valeurs familiales y sont très importantes et les enfants sont les bienvenue partout. La plupart des restaurants ont des espaces de jeux extérieurs pour eux. Les arts prennent une bonne place également dans la ville. Il y a beaucoup de galeries d’arts, de studios, d’art urbain et de musés. Abat les stéréotypes: San Antonio vote généralement Démocrates (54.19% pour Clinton en 2016) et est une ville au politiciens généralement progressistes. L’on a qu’à pensé a Julian Castro, latino, maire de la ville à 30 ans et nommé par Obama au cabinet HUD à 39 ans. L’anglais et l’espagnol y sont parlé presque a 50-50. Mes enfants vont d’ailleurs dans une école publique dans un programme de « dual language »: 80% espagnol et 20% anglais. San Antonio est un très bel endroit pour y élevé une famille et nous y sommes très heureux!

  19. M.Rustik dit :

    Merci Jaylowblow et monsieur Hétu, pour ces morceaux d’USA partagé. L’Humain est capable du meilleur comme du pire.. quand il nous offre le meilleur, c’est toujours plaisant de l’entendre.

    Ce qui me marque le plus du partage de Jay, c’est la gentillesse qu’il décrit, mais je me demande une chose par rapport « au quartiers » ou les gens demeurent. On voit souvent le cliché de gens qui « déménagent, mais désirent absolument rester dans le même quartier ».

    Donc, j’ai une question pour les gens qui habitent les USA, cette différence « par quartiers » est-elle très marquées, au point de faire toute la différence entre une belle ou une mauvaise expérience de vie ou est-ce assez bien partout?

    1. nickoleterrible dit :

      Oui c’est une belle histoire et je suis contente que ça roule pour lui. Je me suis posé la même question. Parce que j’y ai été quelques fois et je n’ai pas senti les mêmes vibes. C’était pas une immersion totale comme lui, j’étais touriste ou de passage. Mais je faisais attention dans mes conversations pour ne pas heurter les sensibilités, ne pas tomber dans des sujets controversés, pas la peine de mort, pas l’immigration, pas la politique, pas la religion, pas le port d’armes.

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