Le blogue de Richard Hétu

Dans un cercueil drapé du Star and Stripes, l’ancien représentant de Géorgie John Lewis a traversé pour une dernière fois le pont Edmund Pettus, nommé en l’honneur d’un ancien dirigeant du Ku Klux Klan, sur lequel il avait marché à la tête de centaines de militants des droits civiques lors d’un «Bloody Sunday» de mars 1965 qui allait changer l’histoire américaine.

La traversée originale de ce pont de Selma, en Alabama, avait été effectuée par Lewis et ses compagnons au début d’une manifestation qui devait les mener à Montgomery, capitale d’un État qui contestait à ses citoyens noirs le droit de vote. Lewis l’a recrée à de nombreuses reprises au fil des ans avec ses collègues et admirateurs, dont Barack Obama, pour que ne se perde pas la mémoire de cette journée où des policiers de l’État eurent recours à des matraques et à des bombes lacrymogènes pour tenter de stopper la marche des Afro-Américains vers l’égalité.

Avant que les policiers de Selma ne lui fracturent le crâne, John Lewis avait déjà prouvé son immense courage lors de sit-ins dans des restaurants de Nashville où on refusait de servir des Noirs ou parmi les Freedom Riders qui ont insisté, au risque de perdre leur vie, pour que soit appliquée dans le Sud profond une décision de la Cour suprême mettant fin à la ségrégation des bus faisant la navette entre les États.

C’était le début d’un combat pour la justice et l’égalité que John Lewis aura livré jusqu’à son dernier souffle, à 80 ans. Qu’il repose en paix.

(Photo AP)