Le blogue de Richard Hétu

Au cours des quatre dernières années, les scrutins tenus au Wisconsin pour la présidence, le poste de gouverneur ou des sièges à la Cour suprême de l’État ont été décidés par des marges de 30 000 suffrages ou moins. C’est une des raisons pour lesquelles le résultat de l’élection pour un siège à la Cour suprême du Wisconsin a stupéfié tant les démocrates que les républicains lundi soir. La juge progressiste Jill Karofsky a ravi le siège du juge conservateur Daniel Kelly par plus de 163 000 suffrages, ou près de 11 points de pourcentage. Kelly, faut-il préciser, jouissait de l’appui du Parti républicain et de son porte-parole le plus influent, Donald Trump. Que s’est-il donc passé dans le Badger State?

Les lecteurs de ce blogue sont au courant de la controverse soulevée par le refus des parlementaires républicains du Wisconsin de reporter la date des élections tenues mardi dernier, comme le réclamait le gouverneur démocrate de l’État et plusieurs autres responsables. Ces républicains ont été accusés de vouloir profiter de la pandémie de coronavirus pour réduire la participation électorale et favoriser ainsi la réélection du juge Kelly.

D’autres élections locales et des primaires présidentielles ont eu lieu le même jour. Joe Biden a remporté la primaire démocrate avec 62,9% des suffrages contre 31,8% pour Bernie Sanders.

Or, tout en dénonçant la situation imposée par les républicains, le Parti démocrate du Wisconsin a contribué à convaincre un nombre record d’électeurs à participer au vote par anticipation par la poste. Les bulletins envoyés au plus part le 7 avril et reçu au plus tard le 13 avril ont été dépouillés lundi.

Cela ne peut pas faire oublier le fait que les républicains ont forcé des dizaines de milliers d’électeurs à risquer leur santé pour exercer leur droit de vote en personne mardi dernier. Mais il y a dans le résultat final du scrutin une certaine justice, comme l’a souligné le président du Parti démocrate du Wisconsin, Ben Wikler.

«Ce soir, il n’y a pas que Jill Karfosky qui ait triomphé face à une stratégie cynique destinée à exploiter la pandémie de coronavirus comme outil de restriction du droit de vote, il y a aussi la démocratie», a-t-il dit.

Wikler est l’un des démocrates qui a été estomaqué par le résultat du scrutin. Quelques heures avant l’annonce de la victoire de Karofsky, il prévoyait une multitude de poursuites pour contester une victoire du juge Kelly.

De leur côté, les républicains ont été renversés par la mobilisation des démocrates, qui est de mauvais augure pour Donald Trump dans un État perçu comme l’un des champs de bataille les plus importants de l’élection présidentielle de 2020.

Le juge Kelly, pour conclure, était considéré comme le vote décisif dans un cas portant sur la purge controversée de quelque 200 000 personnes des listes électorales du Wisconsin.

(Photo AP)