Le blogue de Richard Hétu

À moins d’une surprise, Donald Trump sera acquitté par le Sénat tard ce vendredi ou aux petites heures de samedi, à l’issue du premier procès en destitution d’un président ou d’un juge américain où aucun témoin n’aura été entendu. Ce scénario est devenu une quasi certitude tard jeudi soir lorsque le sénateur républicain du Tennessee Lamar Alexander a annoncé son opposition à l’assignation de témoins, y compris John Bolton.

Réputé pour son indépendance et sa modération, l’élu de 71 ans n’a contredit aucun des faits allégués par les procureurs démocrates dans une suite de tweets expliquant sa défaite. Mais il a précisé que le comportement «inapproprié» de Donald Trump dans l’affaire ukrainienne ne justifiait pas sa condamnation et sa destitution, surtout pas à quelques mois de l’élection présidentielle. Il reviendra aux électeurs de se prononcer sur son sort, selon lui.

I worked with other senators to make sure that we have the right to ask for more documents and witnesses, but there is no need for more evidence to prove something that has already been proven and that does not meet the U.S. Constitution’s high bar for an impeachable offense.1/15

— Sen. Lamar Alexander (@SenAlexander) January 31, 2020

Le sénateur Alexander a fait connaître sa position après que Susan Collins a annoncé son intention de voter en faveur de la comparution de témoins et avant que Mitt Romney n’emboîte le pas de la sénatrice du Maine. Leur collègue Lisa Murkowski, autre membre de la majorité susceptible de se joindre aux démocrates, a indiqué qu’elle poursuivrait sa réflexion jusqu’à ce vendredi matin.

La possibilité d’un vote se soldant par une égalité (50-50) pourrait forcer le juge en chef de la Cour suprême John Roberts, qui préside au procès, à intervenir sur la question des témoins. Mais les chances qu’il le fasse sont minces voire nulles, n’en déplaise aux démocrates.

Ceux-ci ont fait valoir que le refus d’assigner des témoins pourrait remettre en question le rôle du Congrès en tant que contre-poids à la présidence. Selon eux, cette abdication pourrait aussi être interprété par Donald Trump comme un feu vert pour truquer le prochain scrutin et, de façon plus générale, à continuer à se comporter comme un «roi» ou un «dictateur» qui se croit au-dessus des lois de son pays.

Le vote des républicains du Sénat comporte des risques pour les plus vulnérables d’entre eux en 2020. La sortie prochaine du livre de John Bolton et d’autres révélations pourraient jeter un éclairage encore plus cru sur leur participation à l’une des plus grandes dissimulations de l’histoire politique américaine.

On reviendra plus tard sur le cas de John Bolton, dont le comportement dans cette affaire suscite un malaise à plusieurs égards.

(Photo Getty Images)