Le blogue de Richard Hétu

Lors d’une rencontre dans le Bureau ovale en 2017, Donald Trump a demandé à son secrétaire d’État de l’époque, Rex Tillerson, d’intercéder auprès du ministère de la Justice pour le convaincre d’abandonner ses accusations contre un client de Rudolph Giuliani qui avaient contribué à tendre les relations entre Ankara et Washington. C’est ce que raconte Bloomberg dans un article publié hier soir en s’appuyant sur trois sources anonymes.

Reza Zarrab (photo), un homme d’affaires turco-iranien, avait été arrêté aux États-Unis et accusé d’avoir violé l’embargo iranien avec un banquier turc, Mehmet Hakan Atilla. Il avait déjà été mêlé en Turquie à un scandale de corruption visant le cercle rapproché du président turc Recep Tayyip Erdogan, en décembre 2013. On lui reprochait de s’être livré à un trafic illicite d’or avec l’Iran. Les charges avaient été abandonnées.

Or, après l’inculpation de Zarrab à New York, le régime d’Erdogan s’était livré à une campagne virulente contre les procureurs fédéraux locaux, dont Preet Bharara, qui devait être limogé par Donald Trump après son arrivée à la Maison-Blanche.

Troublé par la demande de Donald Trump qu’il jugeait illégale, Tillerson a refusé d’y donner suite, selon Bloomberg. Après son limogeage du département d’État, il avait raconté que le président lui avait demandé à plusieurs reprises de faire des choses qui violaient la loi.

«Bien souvent, le président disait : voici ce que je veux faire, voici comment je veux le faire et je devais lui dire :  ‟Monsieur le Président, je comprends ce que vous voulez faire, mais vous ne pouvez pas le faire de cette façon. Cela enfreint la loi”», avait raconté Tillerson lors d’une assemblée publique à Houston.

Entouré de Mike Pompeo, William Barr et cie, Donald Trump ne semble plus avoir à composer avec des empêcheurs de tourner. Il peut ainsi passer ou recevoir un coup de fil à ce même Erdogan, lui donner le feu vert pour attaquer les alliés kurdes des États-Unis en Syrie et blâmer ces mêmes Kurdes de ne pas avoir aidé les Alliés lors du débarquement de Normandie.

Et une bonne partie du monde a l’impression que la Maison-Blanche est occupée aujourd’hui par le président le plus corrompu et idiot de son histoire.

P.S. : Nous voici déjà rendus au jour 4 de la dernière campagne de financement de ce blogue en 2019. Encore une fois merci à ceux et celles qui ont déjà contribué. Et une invitation aux autres de les imiter. Nous avons besoin de deux bonnes dernières journées pour atteindre l’objectif!

(Photo Getty Images)