Le blogue de Richard Hétu

«Mes condoléances», m’a dit le docteur avant de raccrocher. Ma mère n’était pas encore morte, mais elle n’en avait plus pour longtemps. Enfant unique de cette femme jadis vibrante et atteinte de la maladie d’Alzheimer depuis des années, je me suis précipité à Montréal. Quand je suis arrivé à l’Hôpital du Sacré-Coeur, elle était à l’urgence, reposant dans un état comateux entretenu par des doses régulières de morphine. Elle y est restée quatre jours avant d’en passer trois autres aux soins palliatifs. Ne pouvant communiquer avec elle, j’ai communiqué avec vous par le truchement de ce blogue.

Les lecteurs ne se doutent pas toujours des conditions et circonstances entourant la rédaction d’un article de journal ou d’un billet de blogue. Je m’ouvre aujourd’hui sur cette semaine passée au chevet de ma mère pendant que les démocrates, à Washington, annonçaient l’ouverture d’une enquête susceptible de mener à une procédure de destitution contre Donald Trump, et que la Maison-Blanche et le Congrès publiaient des documents potentiellement incriminants.

Je dois l’avouer : ce blogue m’a aidé à passer à travers cette épreuve personnelle. Et j’ai tiré un certain soulagement de vous savoir si nombreux à lire ces billets qui n’étaient certes pas mes meilleurs. En rafraîchissant le front de ma mère avec une débarbouillette humide, je me disais qu’elle ne m’en voudrais pas de continuer à faire ce que j’aime.

Drôle de message, sans doute, pour une campagne de financement. Mais message qui vient du coeur pour dire l’importance de ce blogue à mes yeux et aussi pour rendre hommage à Lucille, cette femme qui m’a tant donné. Qu’elle repose en paix.