Le blogue de Richard Hétu

Je venais à peine de terminer la lecture du portrait troublant que l’hebdomadaire The New Yorker consacre à Alan Dershowitz dans son numéro courant quand j’ai reçu une alerte du New York Times concernant un autre article du même genre sur Jeffrey Epstein, un des clients du professeur de droit émérite de Harvard et avocat criminaliste. Epstein, rappelons-le, doit répondre à New York à des accusations d’exploitation sexuelle de mineures.

Âmes sensibles s’abstenir.

Dershowitz est devenu célèbre en représentant des personnalités riches et célèbres accusées de meurtre, tentative de meurtre, de viol ou de trafic sexuel telles Claus Von Bülow, William Kennedy Smith, O.J. Simpson, Mike Tyson et Jeffrey Epstein, entre autres. Personne ne lui reproche son travail d’avocat auprès de ces hommes. L’auteure de l’article du New Yorker, Connie Bruck, fait cependant ressortir dans le parcours du professeur des épisodes de misogynie présumée pas très reluisants.

Elle met aussi en cause la crédibilité de Dershowitz, accusé par deux victimes présumées d’Epstein d’avoir eu des relations sexuelles avec elles. L’une d’elle, Virginia Roberts Giuffre, était mineure à l’époque des faits allégués.

Dershowitz, faut-il rappeler, n’a pas seulement été un ami d’Epstein. Il a également fait partie de l’équipe d’avocats qui a négocié l’accord secret qui a permis au soi-disant financier de New York d’échapper à un procès fédéral pour trafic sexuel à Miami en 2008.

Il est difficile de finir l’article du New Yorker sans douter des démentis de Dershowitz concernant les accusations des deux femmes. Le plus étonnant, c’est que le bonhomme continue d’être invité sur Fox News ou CNN pour défendre Donald Trump, un autre ami d’Epstein, face à Robert Mueller ou aux démocrates du Congrès qui enquêtent sur les scandales qui plombent sa présidence.

Évidemment, Dershowitz est cité dans l’article du Times sur le plan d’Epstein. De quoi s’agit-il? Je cite le journal dans le texte :

Jeffrey E. Epstein, the wealthy financier who is accused of sex trafficking, had an unusual dream: He hoped to seed the human race with his DNA by impregnating women at his vast New Mexico ranch.

(…)

Once, at a dinner at Mr. Epstein’s mansion on Manhattan’s Upper East Side, Mr. Lanier said he talked to a scientist who told him that Mr. Epstein’s goal was to have 20 women at a time impregnated at his 33,000-square-foot Zorro Ranch in a tiny town outside Santa Fe.

Selon le Times, Epstein, adepte du transhumanisme, n’a jamais mis son projet à exécution. Le journal décrit cependant les nombreux contacts qu’il a noués avec des scientifiques de haute voltige, dont des récipiendaires de prix Nobel. Certains d’entre eux étaient attirés par la promesse d’un soutien financier, d’autres par les bons vins et le champagne servis à la table d’Epstein (qui ne boit pas d’alcool), d’autres encore par des séminaires agréables sur l’île d’Epstein dans les Caraïbes.

Un des scientifiques décrit Epstein comme un «imposteur intellectuel» qui collectionnait les scientifiques de la même façon qu’ils s’entouraient de politiciens et de gens d’affaires accomplis.

Des femmes attirantes étaient souvent présentes lors des rencontres.

Le commentaire de Dershowitz : «Tout le monde se demandait si ces scientifiques étaient plus intéressés à ses opinions ou plus intéressés à son argent.»

Et les femmes? L’avocat du diable n’en pipe pas mot.

(Photo Getty Images)