Regardez bien la carte qui coiffe ce billet. Vous ne rêvez pas. La partie foncée représente bien une circonscription électorale pour la Chambre des représentants des États-Unis, plus précisément la 3e circonscription de l’État du Maryland. La pratique du «gerrymandering» qui consiste à dessiner les circonscriptions électorales de façon à s’assurer que son parti gagnera n’a rien de nouveau. Mais elle prend un sens démesuré dans certaines régions. Il faut dire que ce sont les gagnants aux urnes qui choisissent bien souvent le découpage. On se retrouve donc avec une série de circonscriptions aux contours complètement absurdes, qui ne correspondent à aucune réalité sociale ou géographique, et qui ont été conçues pour que le parti au pouvoir y reste. Un site liste justement les pires cas.
Hier, deux cas se sont retrouvés devant la Cour suprême des États-Unis. Au Maryland, des habitants de la 6e circonscription dénoncent un découpage qui favorise le Parti démocrate. Leur argument repose sur plusieurs documents contenant les données utilisées pour dessiner les circonscriptions. En Caroline du Nord, l’autre cas qui intéresse la Cour suprême, c’est l’inverse : les républicains ont dessiné des nouvelles lignes pour avantager leur parti. Les contours sont tellement arbitraires qu’ils divisent un campus universitaire en deux. Et pire, les républicains parlent franchement de leurs manoeuvres, déclarant publiquement l’avoir fait dans cette intention.
Ce n’est donc pas une pratique cachée et encore moins nouvelle. Et ce n’est pas la première fois que la Cour suprême entend une cause sur le «gerrymandering». L’avocat Emmet Bondurant, défendant les électeurs la Caroline du Nord, a plaidé sur le même sujet devant les neuf juges… en 1964.
Ce qui est nouveau, c’est comment le données de toutes sortes ont été utilisées pour procéder. Dans les deux cas, ce n’est plus quelques politiciens qui redéfinissent approximativement des frontières avec un crayon : c’est un travail systématique fait à l’aide de technologies pointues, de firmes de sondages et de données publiques, capables de déjouer les tendances et d’imposer un statut quo. Et de plus, on n’hésite pas à rediviser les circonscriptions selon les changements d’humeur de la population. Certains districts voient désormais leurs frontières changer avant chaque élection.
Le jugement à venir de la Cour suprême est important, notamment parce que le nouveau venu Brett Kavanaugh remplace le juge Anthony Kennedy, dont les positions contre le «gerrymandering» étaient connues. Maintenant, la Cour suprême risque de conclure qu’il ne lui revient pas de statuer dans ces cas. Cette décision laisserait les électeurs sans recours pour faire valoir leur vote, sauf celui des initiatives populaires destinées à changer la façon de redécouper les cartes électorales. Or, tous les États ne permettent pas à ses électeurs de se prononcer sur cet enjeu par voie référendaire.
P.S. : On trouve ici le compte-rendu du New York Times sur les arguments entendus par la Cour suprême hier. Même s’il ne donne pas l’impression d’être favorable au «gerrymandering», le juge Kavanaugh semble sceptique sur le rôle de la Cour suprême pour y remédier.
(Photo Département de l’Intérieur des États-Unis)
« Gerry-meandering » . Meander : suivre le cours d’une rivière dans tous ses méandres !!
En politique, les méandres de la pensée de nos politiciens. Ce qui cause les méandres dans une rivière, ce sont les dépots d’alluvions. Dans la tête de nos politiciens, c’est toute la bullshit qu’ils brassent !!! Ca pue !!
Pour moi les USA c’est plutôt un grand cercle ⭕️, ils tournent en rond et par le fait même font du sur place. Perte de temps et d’énergie, pour ce pays qui se prend toujours pour la plus grande démocratie…
Pierre
Pour le nombril du monde!
Mais dans le fond, c’est plus bas que le nombril. Et plus en arrière 😉
Très juste. Ca me rappelle un été. J’avais 5-6 ans. On était dans un camping je ne sais trop ou. Il y avait un lac artificiel mais il y avait une rivière très sale pas loin. Un ado disait à l’autre que la rivière était sale parce que c’était toujours la même eau. La rivière faisait une grande boucle et revenait sur elle-même qu’il disait. Je l’avais trouvé tellement con !!!
Votre analogie me fait penser à cette rivière supposément sans fin. Ils tournent en rond et rebrassent toujours la même mar…melade 😉
@GL000001: Vous le savez peut-être déjà, mais l’expression Gerrymandering vient du Gouverneur du Massachusetts, Elbridge Gerry, qui, en 1812 (c’est pas un phénomène nouveau…), a redessiné la carte électorale de son État. Suite à cette modification, un des districts de Boston avait la forme d’une salamandre. C’est un journal de Boston qui a popularisé l’expression Gerry-Mander.
PS : la modification de Gerry a entrainé un franc succès électoral pour lui et son parti.
Ce que je trouve intéressant dans cette cause, c’est que les élus démocrates du Maryland ont fait exprès de faire du gerrymandering « extrème », dans le but avoué de faire en sorte que la cause ne soit pas vue comme une action visant seulement le Parti républicain. Bien joué! Il reste que c’est lamentable qu’il y ait quiconque qui défende cette pratique.
Risible comme démocratie nos voisin du sud…
Bananamandering Republic !
Si l’allégeance politique des électeurs n’étaient pas connue, ça serait plus difficile de faire du découpage qui favorise un parti au détriment de l’autre.
Madalton
De quel droit connaît-on l’allégeance politique des gens. Il n’y a que des gens proches de moi qui connaissent la mienne et lorsque je vais voter, personne ne la connaît. Drôle de démocratie!
Lors du dépouillement des boites électorales, ces stats sont faciles à recueillir… ils n’ont pas votre vote spécifiquement mais il ont le vote et les écarts pour ce petit groupe d’électeurs…. et par position géographique…. à partir de là tout est possible…
Lorsque les gens s’enregistrent, ils déclarent leur allégeance politique. Je crois. Ils donnent cette information volontairement.
Quand les données du nouveau recensement seront dévoilées ( à tous les dix ans soit
en 2020), tous les états seront tenus d’effectue un redécoupage de leur districts électoraux en fonction des nouveaux chiffres. Et ce redessinage est du ressort excludif de l’état.
En 2010, en plein ressac anti Obama des tea baggers, les républicains ont eu beau jeu d’imposer leur vues. Souhaitons que les démocrates s’intéressent aussi aux élections au niveau de l’état… en désignant une commission indépendante pour redessiner les contours électoraux comme c’est le cas en Californie.
Et le bon peuple, abrutis par leurs politiciens, de ne pas s’insurger devant de telles pratiques.
Déplorables!
‘Vous ne rêvez pas.’
Pourtant, on aimerait bien et pas seulement sur ce sujet :-(.
‘Rhetorical question’ : existe-t-il UN politicien qui est en politique pour les bonnes raisons, soit servir le peuple américain?
On ne parle pas d’un ou deux politiciens tout croche, mais ça semble quasiment la règle, on semble obsédé par une et une seule chose, le pouvoir pour le pouvoir!
On devrait avoir un organisme indépendant qui s’occupe de cette histoire de découpage et que les politiciens n’aient pas un mot à dire sur le sujet. Encore une fois, ‘république de bananes’ nous passe par l’esprit.
Aus U.S.A le processus démocratique est faussé:
– par l’argent des super pac;
– par les manoeuvres des Russes qui n’inquiètent aucunement la MB et peu le Congrès;
– par le gerrymandering ou découpage électoral.
De plus, les Américains se vantent de demeurer dans le meilleur pays au monde, mais l’espérance de vie y a diminué de façon alarmante depuis dix ans, principalement à cause du stress, des suicides, des armes à feu, des opioïdes et de l’absence de soins médicaux à une grande partie de la population.
Voir à ce sujet le documentaire sur HBO du Dr Sanjay Gupta, neurologiste, recherchiste et animateur de renom.
J’ajouterais:
– par de puissances lobbys;
Comme dirait l’autre:
« La démocratie, c’est quelque chose de beaucoup trop important pour qu’on la laisse entre les mains du bon peuple… »
Vous oubliez les morts lors où suite à l’accouchement comme raison de la faible espérance de vie. Les États-Unis sont les cancres des nations développées en la matière.
Avons-nous là un aperçu du tempérament du Justice Kavanaugh…
“Extreme partisan gerrymandering is a real problem for our democracy,” he said. “I’m not going to dispute that.” (Brett kavanaugh)
BK tient à jouxter l’adjectif « extrême » à l’adjectif « partisan » ,devant le mot important « gerrymandering ». Deux adjectifs devant un nom écrase ce dernier, c’est courant en langage parlé ou écrit.. Si je dis: ‘une extraordinairement belle et grande jeune femme blonde’… je succombe à l’apparence au point de ne plus considérer la réalité du mot ‘femme’…
Le gerrymandering est par nature partisan, si bien qu’ajouter en préfixe ‘partisan’ suggère ici qu’il y aurait du gerrymandering normal.. pas vraiment partisan.. juste partisan correct..! Kavanaugh détruirait-il ainsi le sens connu du mot qui vise à …FAVORISER le parti au pouvoir pour se maintenir au pouvoir en déplaçant les poteaux des buts à chaque tir, ou détourne vers ses amis un ou plusieurs billets gagnants à chaque tirage, et en tirer bénéfice pour soi.
Ajouter « extrême » en plus devant partisan est aussi une de dissimuler sa pensée. Est-ce le Kavanaugh nouveau ou celui qu’on connait? La personne incapable de dire son argument? la personne attentiste, insécure, qui parle pour parler? Et que dire de « a real problem »???
Est-ce cette tournure d’esprit confus et attentiste qui l’amènerait à écrire des opinions dissidentes plutôt que de se confronter à ses pairs et de se rallier à un consensus raisonnable?
Oui monsieur Kavanaugh, inutile de bretter, le gerrymandering est un problème pour toute démocratie.
https://www.erudit.org/fr/revues/qf/2006-n140-qf1180399/50489ac.pdf
@Benton Fraser – 12:55
‘Comme dirait l’autre: « La démocratie, c’est quelque chose de beaucoup trop important pour qu’on la laisse entre les mains du bon peuple… »’
Effectivement, plusieurs pensent de ce manière et on fait quoi, on introduit de l’arbitraire dans le système électoral avec le résultat, un véritable ‘mess’, qu’on peut observer tous les jours.
Si on avait un système dans lequel le poids du vote est égal, ou très, très proche de l’être, d’un bout à l’autre du pays, on verrait un visage des Etats-Unis bien différent. Entre autres, Donald Trump ne serait pas président et au fil du temps, la polarisation des deux grands partis politiques seraient nettement moins grande, pourquoi? Parce que les républicains n’auraient eu d’autres choix que de s’approcher de ce veulent une majorité d’américains, sinon, ils seraient dans l’opposition de manière permanente.
Ce qui m’intrigue c’est l’université coupée en deux. Sciences (humaines et autres) d’un côté, finances et gestion de l’autre ?
Liberal arts d’un bord et le reste de l’autre 😉
Définition : academic subjects such as literature, philosophy, mathematics, and social and physical sciences as distinct from professional and technical subjects.
En simplifiant (pour les répus): Ce qui coûte de l’argent (et qui fait évoluer la société) d’un bord et ce qui rapporte de l’argent de l’autre.
»Si l’allégeance politique des électeurs n’étaient pas connue, ça serait plus difficile de faire du découpage qui favorise un parti au détriment de l’autre. » Madalton
J’ai lu quelque part qu’il y avait un mouvement pour que les dems s’inscrivent en tant que reps question de brouiller les cartes. Ils n,ont pas l’obligation de voter pour le partie auquel ils se sont inscrit. Pour être efficace, il faudrait que tous suivent.
Assez bizarre en effet que les électeurs déclarent au grand jour leur affiliation politique. Mais bon, on est aux états-désunis….
Cette pratique est tellement incompatible avec toute compréhension du sens de démocratie que je n’y comprend rien.
Les cartes électorales devraient être décidées par un organisme indépendant en fonction de critères non politiques.
Tout comme l’inscription sur les listes électorales, qui fonctionne très bien chez nous via le rapport d’impôts, alors qu’il semblerait de bonne guerre et acceptable au TinyUsa de tout faire pour empêcher le droit de vote. Liberté qu’ils disent…
J’aime bien que le droit de vote au Canada soit reconnu comme droit fondamental dans la Charte, de sorte qu’on ne peut l’enlever à un citoyen canadien de 18 ans et +.
https://www.cliquezjustice.ca/dossiers-speciaux/droit-de-vote
Liberté qu’ils disent…
Ils ont jadis osé se prétendre le phare de la démocratie, non?
Sous Tiny, c’est pasfort la démocratie.
Make A**hole Govern Again.
Parlant de crocheries (ou serait-ce crochitudes, avocrochetés, j’en perd ma double-croche lalala),
lu, donc, dans les commentaires sur lien fourni par RH sur Twitter vers le T de Stormy Daniels.
« Michael Avenatti is the Michael Cohen of Rudy Giulianis. »
« Icite, Li’nel, on parle d’un hockey crochi des deux bords en ‘ta! » ( el Bleut)
Que les Démocrates agissent ainsi, je ne suis pas surpris!
Mais quelle stupeur d’apprendre que les Républicains en fassent autant, je ne peux le comprendre.
Les Républicains, qui ont à leur tête le plusss greatest président de tous les temps, qui protègent leurs enfants … avant leur naissance et qui s’assurent que jusqu’à la fin des temps, Papa ait toujous raison, eux, ne feraient jamais des crosses comme les Démocrates osent faire.
Ces puritains hypocrites se sont payé un joyeux bordel électoral : vote quasi à main levée + gerrymandering + vote électronique permettant de rustres manipulations numériques + collège électoral anachronique… Et ça se croit généreux en exportant ce modèle dans d’autres pays. Mission divine croient-ils !? Bande de pas-d’allures !
Lorsqu’on lit un tel billet, on s’étonne d’entendre certains élus décrire les USA comme un modèle de démocratie.
Il semble bien que les deux partis y trouvent leur compte dans ce simulacre de démocratie où le vote des électeurs est soumis aux caprices des politiciens.
Pays de cul.
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On me corrigera si je me trompe, mais les Américains, dans l’ensemble, me semblent fort peu politisés, fort peu intéressés à la gouvernance de leur société, et plutôt mal informés de leurs droits et devoirs de citoyens. Cette étrange indifférence, assise sur une ignorance inquiétante, laisse aux politiciens toute la latitude de manipuler les leviers du pouvoir au gré de leurs caprices et de leurs intérêts, et surtout au détriment des besoins réels et collectifs des gens.
Pourtant, les Universités américaines ont la réputation d’être les meilleures au monde.
Comment deux réalités aussi contradictoires peuvent-elles subsister côte à côte dans une société aussi libre et d’aussi grande abondance ?
Le gerrymandering est un symptôme sérieux de ce phénomène. Si les gens n’étaient pas aussi amorphes, cette manipulation profondément corrompue du processus électoral aurait disparu depuis longtemps.
Pour beaucoup, c’est simpliste : Répu = good. Dems = bad. Et vice-versa. Ils votent comme leurs grand-pères.
Je crois également que le marché du travail les changent beaucoup. Si tu travailles, tu as de l’assurance. Donc, tu ne fais pas de vagues au bureau. Tu ne t’affiches pas trop pour ne pas perdre ta couverture.
Je suis médusée par le sans gêne de cette tricherie et que l’on continue de croire à une démocratie dans ce pays.
Ce type de pratique peut avoir une floppée de qualificatifs, mais ne peut pas porter celui de « concept servant la démocratie ».