Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

Democratic 2020 U.S. presidential candidate Sanders speaks in Concord

Jusqu’à mardi matin, David Sirota était un journaliste intrépide qui s’échinait à prendre en défaut les démocrates qui ne correspondaient pas à son idéal progressiste. En 2016, il a contribué à noircir le portrait d’Hillary Clinton et, trois ans plus tard, ciblé d’autres démocrates impurs à ses yeux, de Beto O’Rourke à Kamala Harris en passant par Cory Booker et Joe Biden. Le seul candidat à la présidence qui a échappé à ses articles et tweets critiques, révélateurs ou plus souvent tendancieux : Bernie Sanders.

Or, Sirota, 43 ans, a été officiellement embauché mardi par l’équipe de campagne de Bernie Sanders en tant que conseiller et rédacteur de discours. Il n’y aurait pas lieu de le mentionner et encore moins de s’en formaliser si la nouvelle de cette embauche n’avait pas été provoquée par les questions d’un journaliste du magazine The Atlantic.

investigative-reporter-david-sirota-has-backed-ou-2-7834-1486482831-4_dblbigDes questions suscitées par un conflit d’intérêt patent qui met en cause l’éthique de Sirota et la transparence de Sanders : depuis décembre, Sirota a tiré à boulets rouges sur les adversaires du sénateur du Vermont tout en travaillant secrètement pour ce dernier. Durant la même période, à ses critiques qui l’accusaient de dénigrer certains candidats au profit de Sanders, Sirota répondait en affirmant qu’il ne faisait que son travail de journaliste.

Mais son problème éthique ne s’arrête pas là. Le magazine The Atlantic note que Sirota a supprimé plus de 20 000 tweets à la veille de l’annonce de son embauche par le camp Sanders. Sirota a mis la disparition de ces tweets sur le compte d’un nettoyage «période et automatique». Le journaliste Edward Isaac-Dovere a réalisé des captures d’écran de certains de ces gazouillis comportant des exemples des attaques du nouveau conseiller de Sanders contre des démocrates :

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Bernie Sanders peut évidemment embaucher les conseillers de son choix. Mais il est étonnant qu’il ait choisi comme conseiller et rédacteur de discours un de ses plus féroces «attack dogs» – expression utilisée par The Atlantic – sur Twitter, et ce, après avoir encouragé la civilité parmi ses supporteurs et le respect de ses adversaires.

Il est tout aussi étonnant qu’il ait permis à Sirota de se faire passer pour un journaliste alors qu’il travaillait pour lui. Mais la transparence est peut-être un des points faibles de Bernie Sanders, qui n’a pas encore publié ses feuilles d’impôts. Après avoir refusé de se plier à cette tradition en 2016, il a promis de le faire durant sa deuxième campagne présidentielle sans cependant préciser quand il s’exécuterait.

P.S. : La droite s’émeut moins des problèmes éthiques de David Sirota que de ses opinions politiques. Elle rappelle notamment que le nouveau conseiller de Bernie Sanders a déjà salué le «miracle économique» du Venezuela sous Hugo Chavez.

(Photo Reuters)

26 réflexions sur “Bernie Sanders et son «attack dog»

  1. papitibi dit :

    Comme disait Josef Staline, la faim du pouvoir justifie les moyens.

    Na! Na! C’est un proverbe abitibien. I swear!

  2. arizonarc dit :

    Bernie, tout progressiste qu’il soit, a un petit côté «trumpeux» en ce sens que le parti passe après lui.

  3. xnicden dit :

    Et vous rapportiez hier que M. Sanders avait recruté une nouvelle attachée de presse qui avait voté pour Jill Stein en 2016. Je n’ai lu nulle part qu’elle s’en était excusé.

    Disons que ces deux nouvelles ne sont pas de nature à rendre les ex-supporteurs de madame Clinton plus réceptifs à M. Sanders. Et on aura beau dire, il s’agit d’une tranche de l’électorat démocrate qui a du poids pour les primaires.

    1. Jay112 dit :

      Il faut noter qu’il n’y a rien de nécessairement répréhensible à voter pour un 3e parti; dans un État solidement bleu, où Hillary était déjà certaine de gagner -ou solidement rouge où elle était certaine de perdre-, voter vert était un moyen sans conséquence négative d’envoyer un message.

  4. kintouai dit :

    Bientôt, on va parler des acrobaties du colonel Sanders : bon à s’en lécher les doigts…de pied !

  5. Haïku dit :

    Ça me rapelle le dicton que l’un(e) des intervernants dans ce blogue a lancé: »Quand on veut tuer un chien, on dit qu’il a la peste ».

    1. Pierre S. dit :

      —————————————-

      Ou plus simple, quand on veut tuer un chien, on dit « crisss y une balle dans l’front« 

      1. Haïku dit :

        Merci Pierre S. pour votre correction.👍

    2. Madalton dit :

      la rage et non la peste.

      1. Haïku dit :

        Merci Madalton. 👏👏👍

  6. Loufaf dit :

    Sanders qui engage une grande gueule, capable de dénigrer les adversaires de son propre partie! Ça promet s’il ne gagne pas l’ investiture ! Il va encore une fois diviser le vote démocrate, risquant de faire réélire le gros despote. Je souhaite quasiment l’ arrivée de l’ oncle Joe…

  7. monsieur8 dit :

    Bernie ne va pas l’avoir facile dans les prochains mois. On va gratter fort pour trouver l’Affaire qui va le couler. C’est correct, c’est la game. Je ne suis pas inquiet de ce côté.

    Mais j’avoue que je suis curieux de voir comment le DNC va réagir si les sondages favorisant Sanders se maintiennent. Que devrait-il faire ?

    1. el_kabong dit :

      Pour ses disciples, Bernie est un intouchable, un être parfait qui ne peut rien faire de malhonnête… De leur côté, ils peuvent évidemment dire toutes les vacheries, surtout inventées, sur ses adversaires…

      D’ailleurs, on voit que les fameuses « magouilles » imaginaires du dnc ne sont jamais loin…

    2. kelvinator dit :

      « comment le DNC va réagir »
      Pourquoi aurait-il à réagir au juste??

      Ils n’ont pas réagi en 2016, alors pourquoi ils le feraient en 2020?

  8. Denis Bergeron dit :

    Droite-gauche-ouest-est-nord-sud, un politicien, ça reste un politiciel

  9. 430a dit :

    Sa photographie laisse songeur sur son sens de l »éthique » pour un journaliste!

  10. 2 photos qui m’agacent car pointer du doigt est pour moi un geste agressif, autoritaire

  11. xnicden dit :

    @Jay112 23:19

    « Il faut noter qu’il n’y a rien de nécessairement répréhensible à voter pour un 3e parti; dans un État solidement bleu, où Hillary était déjà certaine de gagner -ou solidement rouge où elle était certaine de perdre-, voter vert était un moyen sans conséquence négative d’envoyer un message »

    Pour les fins de la discussion, je suis prête à admettre que cet argument à un certain mérite. Mais ma question sera alors, avez-vous vu beaucoup cette nuance exprimée à l’époque? Pas moi. Mais plus important, est-ce que madame Gray l’a clairement invoquée pour expliquer son vote?

  12. A.Talon dit :

    «David Sirota était un journaliste intrépide qui s’échinait à prendre en défaut les démocrates qui ne correspondaient pas à son idéal progressiste. En 2016, il a contribué à noircir le portrait d’Hillary Clinton et, trois ans plus tard, ciblé d’autres démocrates impurs à ses yeux…»

    Bref, Sirota est un grand allié des trumpeux. Le ver dans le fruit.

  13. P-o Tremblay dit :

    La technique Trump

  14. lechatderuelle dit :

    vieilles habitudes, vieille politique, vieux réflexes….

    tant que les manières ne changeront pas, la politique demeurera la même aux USA….

  15. Mouski dit :

    Sanders, il va être encore dans les jambes du parti. Il y a des limites et j’espère qu’il ne remportera aucune primaire.

  16. Gilles Morissette dit :

    On dirait que Sanders soit devenu le caillou dans le soulier des Démocrates.Cette embauche démontre qu’il n’est rien d’autres qu’un de ses politiciens ambitieux prêt à tout, même à se livrer à des attaques bassement personnelles sur des collègues de son parti pour arriver à ses fins.

    Les questions d’éthique et de moralité ne semblent donc pas, pour l’instant, faire partie de ses priorités. Ça n’augure rien de bon pour les Démocrates advenant qu’il perde la course à l’investiture. Il serait bien capable, avec l’aide de Sirota, de saboter la campagne de celui ou celle qui aura été choisi.

    Quant à Sirota lui-même, il me semble être un de ces dangereux puristes qui se permet de faire la morale aux « impurs » mais qui foule au pied les notions les plus élémentaires en matière d’éthique et de conflit d’intérêt.

    Sa place est au sein du Parti Républicain où il y trouvera certainement quelques fripouilles qui seront trop heureuses de l’accueillir. Ses « méthodes de travail » ont tout pour plaire à la Fripouille-En-Chef.

  17. FlorentNaldeau dit :

    Alors donc BS aurait utilisé un bon vieux truc de politicien soit de profiter des services en sourdine d’un porte-voix secret. Il ferait donc de la politique traditionnelle, et même vieux jeu? Cela étonne peu compte tenu de l’intégrisme idéologique dont il fait généralement preuve; pas de pitié pour ceux qui, comme vous le dites, sont « impurs » à ses yeux et méritent donc ses foudres ayatollesques. Reste à voir si cela suffira pour faire déchanter les Bernie-Bros les plus endurcis.

    En tout cas il va chercher loin son inspiration, i.e. jusqu’aux premières élections présidentielles des É-U. À l’époque les candidats ne faisaient pas campagne eux-mêmes, ce n’était pas bien vu. Ce sont les journaux, les pamphlétaires et autres « pundits » de l’époque qui s’en chargeaient, y compris sous pseudonyme. C’est resté assez civilisé pour les mandats de George Washington, mais dès son départ la chose a dégénéré et les attaques personnelles et les inventions les plus extrêmes sont devenues la règle, comme l’a vécu à John Adams. À noter aussi que malgré la règle de se tenir au-dessus de la mêlée, les candidats ne se privaient pas tous d’avoir des contacts secrets avec leurs plumitifs politiques; Jefferson pas exemple l’aurait fait assez activement et aurait même rédigé certains des textes les plus acharnés contre Adams. Comme quoi il n’y a pas grand nouveau sous le soleil, y compris les mœurs politiques brutales et même les « Fake News ».

  18. RICK42 dit :

    Qui veut faire l’ange fait la bête…Le Bernie n’a pas une éthique personnelle très vigoureuse…il utilise de vieilles méthodes de politicien ratoureux, sinon malhonnête…
    Puissent les Démocrates se débarrasser au plut tôt de cet hurluberlu qui pourrait permettre la réélection de Trump.

  19. kelvinator dit :

    Sanders a utilisé des techniques violentes pour attaquer Clinton en 2016. Il a surtout cultivé le flou autour des nombreuses accusations de conspiration qui touchait Clinton, mis de l’avant surtout par le GOP et les trolls russes. L’exemple du prétendu favoritisme du DNC suite au hacking des courriels de Podesta par des hackers russe en est une très belle preuve, mais loin d’être la seule. Ajoutons à cela Seth Rich, le Russiagate et autres éléments du genre, on voit que Sanders ne joue pas très fair, alors c’est tout à fait normal qu’il se fasse servir la monnaie de sa pièce. Sirota représente très bien le climat de la campagne de 2016 ou Sanders et ses partisans ont très bien diviser le vote démocrate, amenant même des huer intempestive pendant le congrès, faut le faire…

    Qu’un non-démocrate veuille couler le parti par ses attaques incessantes, ça se comprends, mais venant de quelqu’un qui prétend vouloir en prendre la direction, on en perd absolument toute logique.

    Si Sanders gagne, les démocrates seront immobilisé. Juste à voir le peu de travail fait par
    Sanders dans son État pour comprendre que les projecteurs l’intéresse plus que le travail, et ce n’est pas moi qui le dit, c’est le principal journal de Burlington.

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