Le blogue de Richard Hétu

L'Amérique dans tous ses états

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Le lieu est symbolique : Selma, en Alabama, théâtre en mars 1965 d’un des épisodes les plus violents de la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains. Certains candidats démocrates à la présidence, déclarés ou non, candidat démocrate« >n’ont pas voulu rater l’occasion d’assister à la commémoration de «Bloody Sunday» au cours de laquelle Hillary Clinton a été honorée. Pour les Bernie Sanders, Cory Booker et Sherrod Brown, l’objectif était clair : courtiser le vote des Afro-Américains, électorat crucial dans une course à l’investiture démocrate.

Ces politiciens démocrates savent que d’être à Selma était susceptible de les aider lors de la campagne présidentielle. Au lendemain du discours-fleuve de Donald Trump à la CPAC, grand-messe annuelle des conservateurs américains, et au bout d’une semaine où son avocat l’a ouvertement accusé de racisme, le vote afro-américain devrait continuer d’aller massivement vers les démocrates en 2020.

Les démocrates sont eux-mêmes persuadés qu’une victoire en 2020 ne sera possible sans une forte mobilisation des électeurs noirs. En 2016, plusieurs d’entre eux s’étaient abstenus de voter. Bernie Sanders, qui a fini deuxième aux primaires de 2016, avait lui-même échoué à aller chercher le vote de cette communauté. Cette année, il multiplie les efforts pour gagner sa confiance.

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Il faut donc s’attendre à une multiplication d’événements comme la rencontre de Selma. Cette campagne de charme passera beaucoup par une campagne de terrain. Et c’est en personne que les candidats devront répondre à la grogne qui perdure au sein d’un mouvement issu de la communauté noire, le mouvement Black Lives Matter.

Si Black Lives Matter ne fait plus les grands titres, le mouvement et sa colère persistent aux États-Unis. Et pour cause. Samedi dernier, un autre policier a été acquitté après avoir abattu un jeune Afro-Américain non armé. Sur les réseaux sociaux et dans la rue, la campagne continue, même si les manifestations ne sont plus systématiquement reprises par les médias.

Deux candidats de couleur sont en lice : Cory Booker et Kamala Harris. Pour le moment, les premiers sondages ne les donnent pas nécessairement gagnants chez les Afro-Américains. Kamala Harris, en tant qu’ancienne procureure générale de la Californie, reconnue pour avoir tenu un discours de fermeté contre le crime, fait face à des opinions mitigées. Déjà, sur les réseaux sociaux, les différents groupes affiliés à Black Lives Matter dressent un portrait négatif de la sénatrice californienne.

Néanmoins, il est difficile de voir à ce moment comment ce mouvement populaire réussira à influencer la course à l’investiture démocrate, puis l’élection présidentielle de 2020.

(Photos AP et ABC News)

13 réflexions sur “Selma, Black Lives Matter et la course à l’investiture démocrate

  1. quinlope dit :

    Personnellement, je crois que si Bernie remporte l’investiture, (ce qui n’est pas fait) c’est lui qui sera susceptible de rallier le vote des minorités incluant celle des Afros car il a souvent dénoncé la brutalité policière.

    1. Achalante dit :

      Peut-être pour la brutalité policière, mais qu’est-ce qu’un homme blanc âgé et élevé dans un milieu majoritairement blanc peut savoir de la réalité des jeunes hommes noirs? Il a besoin d’avoir de bons conseillers…

  2. Achalante dit :

    Encore faut-il que le vote des Afro-Américains ne soit pas étouffé… Tant qu’il y aura le collège électoral qui permettra à suffisamment d’états qui pratiquent le redécoupage électoral créatif de faire élire « leur » président plutôt que celui (ou celle) qui obtient le plus de votes, ça restera un gros problème.

  3. igreck dit :

    En 2019-20 un machin comme ce « Collège » est un anachronisme sinon une aberration. À l’époque des dilligences et d’un peuple analphabète, sa création pouvait se justifier, mais de nos jours il s’agit d’un outil anti-démocratique entre les mains des pui$$ant$ qui détournent les leviers du pouvoir à leur avantage.

    1. Henriette Latour dit :

      igreck

      Entièrement d’accord avec vous: le Collège et le gerrymandering selon le bon vouloir du plus fort.

    2. toile dit :

      Vrai que l’époque des digilences ont surement contribuées à la mise en place de ce mécanisme mais depuis la Cour Suprême a tout même cautionné que les personnes morales ( IPAC) pouvaient contribuer. Quand on sait qu’il n’existe pas de plafond aux contributions, c’est dans la cave que la démocratie se retrouve et je doute que des amendements soient faits pour corriger cet anachronisme.

      1. Rick42 dit :

        Tout le monde veut aller au ciel mais personne ne veut mourir… Qui va vouloir priver son parti de ces généreuses contributions?

  4. Apocalypse dit :

    ‘Déjà, sur les réseaux sociaux, les différents groupes affiliés à Black Lives Matter dressent un portrait négatif de la sénatrice californienne.’

    Misère … Kamala Harris, une de mes favorites, déjà une prise contre elle. Bon, la course ne vient que de commencer, on verra bien.

    Juste à penser que Bernie Sanders pourrait gagner cette course n’est pas bon pour ma pression. Je pense que je vais me mettre à partir toutes sortes de rumeurs pas gentilles sur M. Sanders … LOL

    1. Achalante dit :

      Tôt comme ça dans la course, ça lui donne le temps de corriger le tir.

  5. Apocalypse dit :

    @Rick42 – 14:45

    ‘Tout le monde veut aller au ciel mais personne ne veut mourir’

    Donald Trump gagne à nouveau en 2020 et on en reparle … LOL

  6. Gilles Morissette dit :

    Il faudra une forte mobilisation non seulement du vote afro-américain mais de celui de l’ensemble de l’électorat pour nous débarrasser de celui qui rabaisse de plus en plus la fonction de président.

    Cette mobilisation devra être encore plus importante que celle observée lors des derniers Mid-Terms. L’abstention de cet électorat a fait la différence lors de l’élection de 2016. Il faut éviter que cette expérience se répète car les USA ne se remettront pas d’un autre 4 ans du Gros Abruti à la MB.

    La présence de tous ces « candidats » à Selma montre l’importance de mouvements comme le « Black Lives Matter. » Ça fait contrepoids au pitoyable spectacle qu’on a pu voir en fin de semaine dernière lors du Congrès du CPAC où le président américain a fait « un fou de lui. »

  7. Mariette Beaudoin dit :

    Ça devient inquiétant, tous ces cas de policiers acquittés après avoir tué un Noir. C’est pourtant un meurtre gratuit. N’importe quel quidam qui commet un homicide est emprisonné et même condamné à mort dans certains États américains. Mais quand c’est un policier blanc qui abat sans raison un Afro-américain, c’est correct ?!?!?!?! On dirait presque que c’est encouragé. Drôle de justice ! Et plusieurs restent indifférents. Si c’était leur enfant, ils seraient les premiers à hurler. Dans un pays qui se dit catholique, on oublie le plus important des commandements de Dieu :  »Aimez-vous les uns les autres ». Et pourquoi fêter Martin Luther King chaque année si ensuite, on ne respecte nullement son message ? Ce n’est pas seulement la prolifération d’armes à feu qui est problématique, ce sont les préjugés profondément enfouis et l’indifférence qui en découle. Encore une lacune de l’éducation. Il faut dire que Trump n’aide pas avec son racisme à tout crin, même si cet état d’esprit malsain ne date pas d’hier. J’espère que ces candidats seront élus pour changer les choses ou du moins pour faire réfléchir le monde entier à cette cause.

    1. RICK42 dit :

      « Dans un pays qui se dit catholique, » dites-vous… Ce pays ne se définit pas comme catholique, mais plutôt Protestant de toutes les variétés.

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