Le blogue de Richard Hétu

En quittant la Maison-Blanche il y a deux ans, Joe Biden a mis à profit sa renommée pour poursuivre sa lutte contre le cancer, maladie qui a emporté son fils aîné, et pour récolter des millions de dollars en publiant un livre et en prononçant des discours rémunérés. Or, n’ayant pas renoncé à ses ambitions présidentielles, il a pris soin de ne pas donner de conférences devant des banques ou d’accepter des dons en provenance de l’étranger pour ses fondations, histoire de ne pas prêter flanc aux critiques qui ont nui à la candidature d’Hillary Clinton en 2016. Mais il n’a pas dit non à au moins un groupe conservateur proche du Parti républicain, comme le note le New York Times dans cet article.

Ainsi, à trois semaines des élections de mi-mandat, Joe Biden a accepté de prononcer un discours devant un groupe d’affaires du Michigan soutenu en partie par la fondation familiale d’un représentant républicain de cet État, Fred Upton, que les démocrates rêvaient de défaire. Lors de ce discours, pour lequel il a reçu 200 000$, l’ancien vice-président a vanté Upton, qui se trouvait parmi l’auditoire, le décrivant comme «un des meilleurs gars avec lesquels j’ai travaillé». Ce compliment, qui avait pour but de saluer l’appui d’Upton à un projet de loi touchant à la recherche médicale, s’est vite retrouvé dans les publicités du représentant républicain, qui a vaincu son adversaire démocrate par 4 points.

Eric Lester, qui était alors président du Parti démocrate dans la circonscription d’Upton, a perçu le compliment de Biden comme une «trahison». D’autant que l’ancien bras droit de Barack Obama a refusé d’appuyer l’adversaire démocrate d’Upton après qu’on l’a prié de le faire.

Rien ne prouve que le compliment de Biden à Upton ait été inspiré par un autre motif que son admiration pour le rôle du républicain dans l’élaboration d’un projet de loi adopté après la mort de Beau Biden en 2015. Mais la volonté de Biden de tendre la main à un républicain influent qui a notamment mené l’assaut de son parti contre l’Obamacare irritera plusieurs démocrates qui veulent plutôt en découdre avec les républicains.

Or, l’ancien vice-président ne semble pas avoir l’intention de changer d’approche. «J’ai lu dans le New York Times aujourd’hui que si je brigue la présidence, un de mes problèmes sera que j’aime les républicains», a-t-il dit ce matin. En se signant, il a ajouté : «Pardonnez-moi mon père, car j’ai péché.»

Évidemment, Joe Biden n’ironiserait pas de la sorte si les républicains avaient conservé par un siège la Chambre des représentants.

(Photo AP)