Le blogue de Richard Hétu

La semaine dernière, je consacrais un billet à une déclaration incroyable du représentant républicain d’Iowa Steve King. Ce qui était incroyable n’était pas que King entretienne l’idée énoncée mais qu’il ose l’exprimer en public. «Nationaliste blanc, suprémaciste blanc, civilisation occidentale – comment ces expressions sont-elles devenues offensives?» s’était interrogé l’élu de 69 ans devant un journaliste du New York Times. Le lendemain, dans une tribune publiée par le Washington Post, le sénateur républicain de Caroline du Sud Tim Scott, l’unique élu afro-américain de son parti au Congrès, a évoqué la controverse soulevée par les propos de King pour sermonner les siens : «Certains au sein de notre parti se demandent pourquoi les républicains sont constamment accusés de racisme – c’est à cause de notre silence quand des choses comme celles-là sont dites.»

Or, les républicains de la Chambre des représentants, dans la foulée de leur défaite cinglante aux élections de mi-mandat, ont décidé de punir Steve King pour sa déclaration, histoire de protéger au moins leur image. Ils l’ont exclu hier de deux commissions dont il était membre, celles de l’Agriculture et des Affaires judiciaires. Les démocrates, qui sont désormais majoritaires à la Chambre, jonglent de leur côté avec l’idée de présenter une motion de censure contre le représentant, un châtiment sévère.

En attendant, le chef de la majorité républicaine au Sénat, Mitch McConnell, a suggéré à King de se trouver «un nouveau type de travail», alors que son nouveau collègue de l’Utah, Mitt Romney, l’a appelé à démissionner.

Tout cela donne l’impression que le Parti républicain vient tout juste de découvrir que Steve King est un suprémaciste blanc. Il a pourtant publié plusieurs tweets sympathisants avec des dirigeants de l’extrême-droite européenne et leurs idées néo-nazies. L’article du Times soulignait par ailleurs que King avait été le précurseur de Donald Trump pour ce qui concerne l’idée de construire un mur à la frontière avec le Mexique et le dénigrement systématique et constant des immigrés clandestins qu’il a déjà comparés à des animaux.

Et pourtant, Steve King a reçu l’appui de l’influent sénateur républicain d’Iowa Chuck Grassley pour sa réélection en novembre dernier. Et il a réussi à réunir plusieurs candidats à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2016 lors de l’inauguration de son Iowa Freedom Summit, en décembre 2015. S’y trouvaient Donald Trump, Ben Carson, Chris Christie, Rick Perry, Mike Huckabee, Rick Santorum, Carly Fiorina, Scott Walker et Ted Cruz.

Or, si aujourd’hui le GOP découvre que Steve King est un fieffé raciste, comment peut-il en même temps fermer les yeux sur le racisme exprimé par le 45e président. Mardi soir dernier, lors de son adresse à la nation, celui-ci a réduit les clandestins à une seule condition : celle du criminel endurci qui traverse les frontières pour tuer des Américains innocents et violer leurs femmes. Il y a deux jours, ce même président a évoqué Wounded Knee, site du massacre de centaines de Lakotas, dans une «blague» visant Elizabeth Warren. Et l’on ne s’étendra pas sur les «shithole countries», les «sons of bitches» et autres insultes ciblant les Noirs.

Bref, en condamnant Steve King, le GOP ne peut ignorer ce président qui s’inspire des idées du représentant d’Iowa pour diviser son pays depuis le jour où il a annoncé sa candidature à la présidence des États-Unis.

P.S. : Donald Trump n’a pas dénoncé la déclaration de King hier au prétexte qu’il n’avait «pas suivi» l’affaire.

(Photo Getty Images)