Le blogue de Richard Hétu

Les électeurs de moins de 30 ans seront beaucoup plus nombreux à se rendre aux urnes le 6 novembre qu’aux deux derniers scrutins de mi-mandat, si l’on en croit les résultats du plus récent coup de sonde du fameux «Youth Poll» de l’Institute of Politics de l’Université Harvard. Selon le sondage rendu public hier, 40% des 18 à 29 ans affirment qu’ils iront «définitivement» voter cette année contre 26% en 2014. Cet engouement pourrait aider les démocrates à reprendre le contrôle de la Chambre des représentants, à condition que la génération milléniale passe de la parole aux actes.

Il faut remonter à 1986 et 1994 pour trouver un taux de participation qui fracasse la barre des 20% chez les moins de 30 ans (21% dans les deux cas) à une élection de mi-mandat. Un tel taux de participation serait donc surprenant. Mais il risque fort bien d’être historique. En général, l’écart entre les résultats du sondage de Harvard (mené deux fois par année depuis l’an 2000) et la réalité se situe en deçà de 10%.

Cet enthousiasme pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs : l’aversion des jeunes envers les politiques de Donald Trump, le désir d’améliorer le contrôle des armes à feu à la suite des nombreuses tueries dans les écoles, les millions de dollars investis en publicités électorales ciblées et même l’effet Taylor Swift.

Parmi les 40% de jeunes qui comptent assurément voter, 66% d’entre eux préféreraient que les démocrates contrôlent la Chambre des représentants, tandis que 32% des répondants favorisent une majorité républicaine.

Par ailleurs, 72% d’entre eux n’apprécient pas le travail réalisé par le président Donald Trump. Seulement 16% des jeunes qui veulent se rendre à l’urne affirment qu’ils sont certains de voter pour Donald Trump aux élections de 2020, tandis que 64% d’entre eux affirment qu’ils ne voteront jamais pour lui.

«La bonne nouvelle, c’est que les jeunes sont plus mobilisés que jamais», a déclaré le responsable du sondage, John Della Volpe, au Washington Post, qui a obtenu les résultats de l’étude en primeur. «La mauvaise, c’est qu’ils sont mobilisés en raison du traumatisme qu’ils ont enduré», a-t-il souligné en référence aux tueries de masses dans les écoles secondaires et aux effets de la dernière récession.

Selon le sondage, 70% des 18-29 ans qui comptent voter sont en désaccord avec la manière dont Donald Trump a géré la question des violences par armes à feu et 64% lui reprochent sa manière de gérer l’économie.

L’Université Harvard a sondé la plus jeune tranche de la génération milléniale. Nés entre 1981 et 1996, ces électeurs sont aujourd’hui âgés de 22 à 37 ans. Même s’il commence à dater un peu (mars 2018) ce tableau du Pew Research Center illustre comment les intentions de vote évoluent selon l’âge : plus on vieillit, plus on vote républicain et vice versa.

Un sondage plus récent, mené au début du mois d’octobre par ABC News et le Washington Post, indique que 67% des 18-39 ans sont «absolument certains d’aller voter», un bond géant de 25% par rapport à octobre 2014.

Après la vague bleu, la vague rose et la vague arc-en-ciel, y-a-t-il une vague jeunesse à l’horizon?

(Photo Getty)