Le blogue de Richard Hétu

Stacey Abrams, qui rêve de devenir la première gouverneure afro-américaine de la Georgie, a dû défendre hier soir lors d’un débat télévisé sa participation en 1992 à la mise à feu devant le parlement de l’État du drapeau de la Georgie qui incorporait à l’époque le symbole du drapeau confédéré. Le New York Times avait révélé la veille cet épisode qui avait commencé à faire l’objet de commentaires sur les réseaux sociaux et qui constitue une des surprises d’octobre d’une course très serrée.

«Il y a 26 ans, en tant qu’étudiante universitaire de première année, j’étais, comme plusieurs autres citoyens de Georgie, dont le gouverneur de Georgie, profondément troublée par la discorde raciale qui était intégrée dans le drapeau de l’État à cause du symbole confédéré. J’ai protesté de manière pacifique, j’ai dit que c’était mal, et dix ans plus tard, mon adversaire, Brian Kemp, a voté pour enlever ce symbole», a déclaré Stacey Abrams en réponse à un des journalistes qui interrogeaient les candidats.

Dans la photo qui coiffe ce billet et qui accompagne l’article ci-dessous, Abrams se trouve en retrait des trois étudiants qui brûlent le drapeau symbolisant aux yeux de ces derniers et de plusieurs autres l’esclavagisme et le ségrégationnisme.

Brian Kemp, le candidat républicain au poste de gouverneur, n’a pas insisté sur cette controverse au cours du débat. Celle-ci pourrait cependant servir à alimenter sa critique de la candidate démocrate dont il juge le programme «trop extrémiste» pour la Georgie. «Elle veut augmenter les impôts. Elle veut augmenter la taille du gouvernement. Elle veut que le gouvernement prenne le contrôle de la santé et impose un système à payeur unique. Et ce sont ses positions modérées», a dit Kemp hier soir.

Mais le candidat républicain doit lui-même faire face à une surprise d’octobre, ce genre de rebondissement de fin de campagne qui peut influencer ou changer l’issue d’un scrutin. Le magazine Rolling Stone a publié hier un enregistrement audio dans lequel Kemp s’inquiète devant des donateurs républicains de l’effort de sa rivale pour maximiser le vote par anticipation des démocrates.

«Ils ont un nombre record [d’électeurs qui demandent des bulletins de vote par anticipation], ce qui est quelque chose qui nous inquiète, surtout si chacun d’eux exerce son droit de vote, ce qu’ils peuvent absolument faire, et mette à la poste ces bulletins», a-t-il dit.

La déclaration de Brian Kemp pourrait être compréhensible bien que critiquable de la part d’un candidat qui ne serait pas, comme lui, secrétaire d’État de Georgie, c’est-à-dire responsable de l’organisation des élections dans son État. Dans ce rôle, il ne devrait pas se dire préoccupé que des électeurs puissent exercer leur droit de vote.

Le conflit d’intérêt dans lequel Kemp se trouve est revenu sur le tapis lors du débat d’hier soir, Abrams accusant son rival d’utiliser sa position de secrétaire d’État pour réduire la participation des électeurs démocrates en purgeant de façon arbitraire les listes électorales ou en compliquant l’inscription des électeurs sur ces listes.

«Sous le secrétaire Kemp, un plus grand nombre de personnes ont perdu le droit de vote dans l’État de Georgie», a dit Abrams. «Ils ont fait l’objet de purges, de suppression, d’intimidation.»

Comme à l’époque où le drapeau confédéré flottait sur le parlement de Georgie?

(Photo AP)