Le blogue de Richard Hétu

L’accusatrice du juge Brett Kavanaugh a révélé son identité cet après-midi et fourni de nouveaux détails concernant l’agression sexuelle dont elle affirme avoir été victime il y a plus de trois décennies alors qu’elle et le choix de Donald Trump pour remplacer Anthony Kennedy à la Cour suprême fréquentaient l’école secondaire dans le Maryland. Christine Blasey Ford, aujourd’hui professeure de psychologie à l’université de Palo Alto, dans le nord de la Californie, s’est confiée au Washington Post après que des bribes de son histoire ont été rendues publiques sans son consentement. Je cite trois paragraphes de l’article que le Post consacre à sa sortie publique.

«S’exprimant pour la première fois en public, Ford raconte que lors d’une soirée au début des années 1980, Kavanaugh et un ami – tous les deux ‟ivres”, selon Ford – l’ont contrainte à entrer dans une chambre à coucher durant une réunion d’adolescents dans une maison du comté de Montgomery.

«Pendant que son ami observait, a-t-elle dit, Kavanaugh l’a clouée sur le lit et tripotée par-dessus ses vêtements, frottant son corps contre le sien et tentant maladroitement de lui enlever le maillot de bain une pièce et les vêtements qu’elle portait par-dessus. Quand elle s’est mise à crier, a-t-elle dit, il a mis sa main sur sa bouche.

«‟J’ai pensé qu’il pourrait me tuer accidentellement”, a dit Ford (…). ‟Il tentait de m’attaquer et de retirer mes vêtements.”»

Kavanaugh et l’ami, Mark Judge, ont tous les deux démenti catégoriquement les accusations de Ford avant que celle-ci ne s’identifie. Judge a déjà écrit sur ses problèmes d’alcoolisme à l’adolescence et sur les aspects les moins glorieux de ses études à la Georgetown Preparatory School, une école privée fréquentée par l’élite catholique du comté de Montgomery, situé en banlieue de Washington.

Ford est restée muette sur l’agression présumée de Kavanaugh jusqu’en 2012 quand elle et son mari ont participé à une thérapie de couple. Le Post a obtenu une partie des notes de la thérapeute qui a traité le couple. Le mari de Ford a indiqué que sa femme – une démocrate – avait utilisé le nom de famille de Kavanaugh en racontant l’agression présumée. Il se souvient qu’elle avait émis la crainte que Kavanaugh, alors juge à la Cour d’appel du district de Columbia, soit un jour nommé à la Cour suprême.

Brett Kavanaugh, juge conservateur de 53 ans, a été nommé en juillet par Donald Trump pour remplacer Anthony Kennedy à la Cour suprême. À l’approche de deux votes clés du Sénat sur sa nomination, le site The Intercept a révélé mercredi soir dernier l’existence d’une lettre envoyée plus tôt cet été par une femme à deux élues de Californie, dont la sénatrice démocrate Dianne Feinstein, et accusant Kavanaugh d’agression sexuelle. La femme ne voulait pas être identifiée publiquement.

La sénatrice Feinstein, numéro un des démocrates au sein de la commission judiciaire du Sénat, a remis la lettre au FBI la semaine dernière. Certains de ses collègues démocrates et des commentateurs progressistes ont critiqué sa gestion de cette affaire, alors que les républicains et leurs alliés dans les médias conservateurs ont accusé les démocrates de vouloir faire dérailler la nomination du juge Kavanaugh à la dernière minute et de salir sa réputation avec une accusation anonyme plus ou moins crédible datant des années 1980.

Depuis cet après-midi, l’accusation n’est plus anonyme.

P.S. : Le chef de la minorité démocrate au Sénat Chuck Schumer réclame «au strict minimum» un report des votes sur la nomination du juge Kavanaugh. Le président de la commission judiciaire du Sénat, le sénateur républicain Chuck Grassley, s’y refuse, rappelant que le passé du juriste a déjà fait l’objet d’un examen exhaustif qui ne saurait être remis en cause par une accusation aussi tardive que suspecte à ses yeux.

(Photos Palo Alto University/Getty Images)