Le blogue de Richard Hétu

C’était journée de primaires à New York hier. Le gouverneur démocrate sortant Andrew Cuomo a battu facilement l’actrice Cynthia Nixon, récoltant 66% des suffrages contre 34% pour sa rivale. Autre résultat important : Latitia James, médiatrice de la Ville de New York, a triomphé dans la primaire démocrate pour le poste de procureur général de l’État. Ses chances de devenir la première Afro-Américaine à occuper ce poste sont excellentes. Mais ce n’est pas le résultat le plus étonnant de cette journée électorale.

Âgée de 27 ans, née de parents d’origine colombienne et socialiste autoproclamée, Julia Salazar espérait répéter l’exploit d’Alexandria Ocasio-Cortez, une autre néophyte politique issue de la communauté hispanique de New York et de la gauche. En juillet dernier, Ocasio-Cortez a surpris le monde politique en défaisant le numéro quatre du Parti démocrate à la Chambre des représentants lors d’une primaire dans une circonscription incluant des parties du Bronx et de Queens.

Salazar se battait pour un siège au Sénat de l’État de New York contre Martin Dilan, un vétéran de la politique qui représente à Albany la même circonscription de Brooklyn depuis 2003. Elle se décrivait comme une immigrante et une digne représentante de la classe ouvrière, dont la religion – le judaïsme – ajoutait à son attrait auprès d’un électorat comprenant plusieurs juifs. Autre détail : malgré ses humbles origines, elle disait avoir complété ses études supérieures à la prestigieuse université Columbia.

Or, des enquêtes journalistiques ont dévoilé qu’elle était née aux États-Unis et non en Colombie, comme elle le laissait entendre, qu’elle avait été élevée en Floride au sein d’une famille de la classe moyenne supérieure, et qu’elle n’avait pas complété ses études à Columbia. Quant à sa religion, c’est une question qui reste floue. Vrai qu’elle s’intéressait aux question touchant Israël à l’université, vrai que son père défunt avait de lointaines origines séfarades, mais sa conversion au judaïsme n’a pas pu se produire comme elle l’a décrite.

Salazar, qui avait reçu l’appui de nombreux progressistes, dont Nixon et Ocasio-Cortez, a mis tout ces controverses sur le compte de malentendus. Et elle a continué sa campagne en dénonçant notamment les liens de son rival avec les promoteurs immobiliers qui sont en train d’embourgeoiser tous les quartiers de Brooklyn où les gens de la classe ouvrière vivent depuis des générations.

Et elle a gagné une primaire qui lui assure d’être élue au Sénat de New York en novembre, faute d’adversaire républicain.

(Photo Twitter/@SalazarSenate18)