Le blogue de Richard Hétu

Je l’avoue. J’ai craqué hier en rompant avec une règle personnelle. J’ai publié trois tweets concernant une star de la télé-réalité, véritable Zsa Zsa Gabor du 21e siècle, pollution des médias sociaux, à laquelle je m’étais promis de ne jamais faire allusion dans mon travail journalistique. Ce matin, je vais encore plus loin en lui consacrant un billet (je laisse cependant les facéties et jeux de mots aux tabloïds de New York).

Kim Kardashian a été reçue dans le Bureau ovale de la Maison-Blanche hier après-midi par le président des États-Unis. Je ne lui reprocherai pas de s’intéresser au sort d’Alice Marie Johnson, une grand-mère de 63 ans, qui a passé plus de 20 ans derrière les barreaux après avoir écopé une peine de prison à vie sans possibilité de libération pour une affaire de drogue. Si je comprends bien, Kardashian a contacté Ivanka Trump pour voir si elle pourrait l’aider à convaincre son père d’utiliser sa grâce présidentielle en faveur de Johnson. Ivanka lui a organisé une rencontre avec son mari, Jared Kushner, responsable de la réforme du système pénal à la Maison-Blanche.

C’est ici que les choses dérapent. Kushner endosse un projet de loi à l’étude à la Chambre des représentants qui laisse sur leur faim la plupart des partisans d’une véritable réforme. Le texte prévoit notamment de favoriser la réhabilitation des détenus en leur offrant des programmes de formation professionnelle mais ignore le noeud du problème : les peines de prison interminables et souvent arbitraires voire racistes pour des affaires de drogue, phénomène qui contribue à l’incarcération massive des Noirs et des Hispaniques.

Or, Donald Trump a répété qu’il ne voulait faire aucun quartier aux trafiquants de drogue, une position partagée par son ministre de la Justice, Jeff Sessions. Fera-t-il exception pour Johnson, qui a été mêlée à un important réseau de revendeurs de cocaïne? La question n’est pas futile. Mais elle ne fait qu’effleurer le problème dont cette femme est l’incarnation. Et rien n’indique que Kim Kardashian a abordé ce problème avec Jared Kushner ou Donald Trump, comme on peut le lire dans cet article.